Pourquoi il est important de renforcer l’action citoyenne au 21e siècle

 L’action citoyenne évolue. En effet, nous constatons une diminution du nombre d’organisations formelles de la société civile et une multiplication des efforts collectifs et dirigés par des personnes. Il apparaît clairement que ces efforts se déplacent rapidement et de manière fluide afin de faire face aux crises inextricablement liées qui surviennent. Des groupes de la base progressistes et une nouvelle génération d’acteurs du changement sont en première ligne dans le monde entier lorsqu’il s’agit de résister, d’assurer des interventions d’urgence et d’initier des changements systémiques. Bien ancrés dans leurs communautés, ils défendent leurs propres intérêts, revendiquent leurs droits et contribuent de manière très concrète à un changement positif : ils modifient des lois injustes, font avancer les changements politiques, demandent des comptes aux responsables, trouvent des solutions à certains de nos problèmes sociaux les plus complexes et promeuvent la paix, les droits humains et l’égalité.

Nombre de ces groupes sont souvent attaqués par des acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux qui tentent de restreindre leur travail et leur influence.  C’est pourquoi il est aujourd’hui plus important que jamais d’encourager ces militants et ces groupes en leur apportant un soutien direct et indirect ciblé, qui réponde à leurs besoins particuliers, s’adapte au contexte dans lequel ils opèrent et à leurs réalités et leur permette de définir leurs propres priorités et méthodes de travail afin de contourner ces restrictions illégitimes.

Entre 2018 et 2023, CIVICUS a mis en œuvre le programme « Renforcer l’action citoyenne au 21e siècle » (Strengthening 21st Century Citizen Action, STCCA), une initiative financée par l’Agence norvégienne de coopération pour le développement (NORAD) afin de combler les lacunes en matière de connaissances et de pratiques sur la manière d’aborder et de renforcer ces groupes émergents qui ne s’identifient pas nécessairement à la société civile formelle, et de développer et de tester de nouvelles approches pour mobiliser des ressources plus importantes et de meilleure qualité et la solidarité afin de renforcer l’action citoyenne au 21e siècle. (Consultez la théorie du changement du programme).

Ce programme flexible nous a permis de développer, en collaboration avec divers acteurs du changement à la base, un large éventail d’analyses, de consultations, de prototypes, de guides et de ressources afin de mieux contribuer aux nouvelles formes d’action citoyenne. Nous avons testé un mécanisme de financement de substitution et un mécanisme d’orientation et de coordination des bailleurs de fonds à capacité d’intervention rapide, élaboré conjointement une campagne d’influence et organisé plusieurs dialogues (en ligne et en personne), des laboratoires et des réunions avec des donateurs, des acteurs de soutien et des militants.

Ce travail a impliqué des centaines de groupes dirigés par des jeunes et de petites organisations informelles en quête de changement, qui sont à la croisée des restrictions de l’espace civique et de l’exclusion sociale, ainsi que des membres de la communauté des donateurs et d’autres alliés et soutiens de la société civile dans le monde entier. 

Tous ces efforts se sont concentrés sur trois domaines prioritaires, à savoir :

  1. Comprendre la situation en matière de ressources dans laquelle se situe la société civile au 21e siècle ;
  2. Tester des approches de soutien aux militants indépendants et aux nouvelles générations d’acteurs du changement qui ne s’identifient pas forcément à la société civile formelle ;
  3. Explorer les possibilités de financement plus direct et plus démocratique des petits groupes informels de la base.

Nos efforts nous ont permis de mieux appréhender les obstacles qui entravent le flux de ressources essentielles vers ces acteurs clés du changement et de nous rendre compte qu’une grande partie des donateurs et des acteurs de soutien internationaux (par exemple, les ONG internationales et les bailleurs de fonds) viennent en aide pour la plupart aux organisations de la société civile plus établies et restent coincés dans le passé, en proie à des pratiques descendantes coloniales, à dominante nordique, racistes et transactionnelles, lesquelles trouvent leurs racines dans le « complexe industriel du sauveur blanc ».

Nous avons également constaté que de nombreux donateurs et alliés, y compris les plus progressistes, ont des difficultés à comprendre les groupes travaillant sur le terrain, à leur faire confiance et à avoir de véritables interactions avec eux, parce qu’ils sont trop concentrés sur la mise en œuvre de leurs propres solutions et de leurs cadres trop étriqués, et qu’ils adoptent souvent des stratégies et des procédures institutionnelles qui maintiennent des pratiques d’attribution extractives et transactionnelles et entravent l’établissement de relations de confiance.

QU’EST-CE QUI BLOQUE LE FLUX DE RESSOURCES VERS LES MILITANTS DE LA BASE ?

Militants et groupes de la base

Difficultés communes

Donateurs et acteurs de soutien internationaux

Les ressources disponibles ne répondent pas aux besoins des militants

Distance physique et écart culturel

Préoccupations relatives aux respect des règles et à l’atténuation des risques

Concurrence et phénomène de contrôle d’accès aux ressources (gatekeeping)

Les interactions entre les militants et les groupes de la base, ainsi que les donateurs et les acteurs de soutien, se limitent généralement aux processus (transactionnels) d’attribution des subventions, aux consultations (extractives) et à la reddition de comptes (ascendante)

Indicateurs de retombées centrés sur le donateur

Programmes personnels ou externes dont les priorités ne correspondent pas aux priorités locales des militants et groupes de la base

Peu de confiance

Structure hiérarchique

Risques liés à la transmission de données sensibles aux bailleurs de fonds

Manque de compréhension mutuelle

Peu de coopération avec d’autres donateurs et acteurs de soutien

Obstacles considérables et exigences disproportionnées en matière d’accès aux ressources

Capacité interne limitée pour la gestion d’un grand nombre de petites subventions

Manque de compréhension des risques qu’ils encourent à titre personnel et de soutien

Connaissance et compréhension limitées des groupes de la base et manque de véritables interactions

Soutien à court terme et cadres trop étriquées

Attitudes, préjugés et ego

Récits toxiques et stigmatisation

Aversion pour le risque et problèmes lors de l’octroi de nouvelles subventions

Incertitude et manque de clarté et de feedback

Cycles opérationnels courts et qui évoluent

5 appels à l’écosystème de financement en vue de renforcer l’action citoyenne au 21e siècle

Compte tenu de ces années d’écoute collective, d’analyse et de co-création avec des acteurs d’horizons différents, nous pensons qu’il s’agit-là d’un moment décisif pour le changement et une évolution pour la communauté des donateurs, les intermédiaires et toutes les parties prenantes impliquées dans l’écosystème de financement de la société civile. Ainsi, nous encourageons les donateurs et les acteurs de soutien à :

Cela implique de reconnaître leur pouvoir, leurs visions, leurs messages et leurs stratégies et que nous travaillons en tant que partenaires sur un pied d’égalité pour les renforcer et les diffuser.


Le programme « Renforcer l’action citoyenne du 21e siècle » nous a permis d’acquérir des connaissances sur :

  • Le type de ressources et de solidarité dont la nouvelle génération d’acteurs du changement a besoin et qu’elle apprécie ;
  • Les difficultés, les blocages et les lacunes de l’écosystème de soutien actuel ;
  • La valeur et la complexité de la collaboration avec les militants ;
  • Ce que signifie une belle solidarité, une inclusion radicale et un soutien significatif pour les acteurs du changement et à leurs attentes envers leurs alliés internationaux ;
  • La nécessité de travailler avec des militants pour désapprendre et réapprendre les paradigmes actuels d’acquisition des ressources, d’adopter des perspectives intersectionnelles, justes, attentionnées, relationnelles et décoloniales, de démocratiser l’accès au savoir et au capital social et de catalyser des écosystèmes de solidarité.  
  • Ce qui est nécessaire pour susciter des transformations organisationnelles :
    • Du temps, de la volonté et de l’espace pour construire des relations de confiance.
    • Une réflexion personnelle sur la manière dont nous maintenons les inégalités systémiques.
    • Un leadership de haut niveau qui s’engage publiquement en faveur des objectifs visés.
    • Une vérification du sens des initiatives et des programmes potentiels avec des militants.

Initiatives et ressources dans le cadre du programme visant à renforcer la participation citoyenne au 21e siècle

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