Appel de la société civile aux Émirats arabes unis : lors de la COP28, donnez la priorité aux droits des personnes les plus touchées par la crise climatique, autorisez la dissidence et libérez les activistes illégalement emprisonnés.
Veuillez-vous joindre à ce mouvement de plaidoyer en signant ci-dessous avant le samedi 30 septembre.
La prochaine Conférence des Nations unies sur le changement climatique 2023, également connue sous le nom de Conférence des parties ou COP28, qui se tiendra en 2023 à Dubaï, aux Émirats arabes unis (EAU), devrait donner la priorité aux droits des communautés et des personnes les plus touchées par le changement climatique. Elle devrait établir une tendance positive pour les futures conférences sur le climat en permettant aux peuples autochtones, aux activistes et à la société civile de participer pleinement et de manière inclusive à leurs processus de prise de décision.
Les Émirats arabes unis, qui accueillent la COP 28, devraient donner l'exemple et éliminer toutes les restrictions imposées depuis des années aux droits des Émiratis de s'exprimer, de s'associer et de se rassembler, conformément aux cadres internationaux des droits humains. Nous demandons aux Émirats arabes unis de libérer tous les défenseurs des droits humains, les activistes et les journalistes actuellement détenus.
Créer un environnement propice à une participation et à une prise de décision inclusives
Pour que la COP soit un succès, il faut que tous les participants, y compris la société civile et les groupes sous-représentés, aient pleinement accès aux sessions de prise de décision. La conférence doit veiller à ce qu’ils puissent exprimer leurs points de vue, notamment sur la situation des droits humains aux Émirats arabes unis, sans craindre d'être intimidés. Nous sommes préoccupés par le fait que, quelques mois avant le début de la COP, certaines fonctionnaires des EAU ont fait des déclarations demandant aux participants de ne pas critiquer les EAU, les entreprises ou les individus ou de ne pas se manifester contre les restrictions de l'espace civique.
Les intervenants d'un sommet sur la santé climatique organisé à Abu Dhabi avant la COP ont signalé que les organisateurs de la conférence leur avaient conseillé de ne pas critiquer l'Islam, le gouvernement ou les entreprises et de ne pas se manifester pendant leur séjour aux Émirats arabes unis. Ces conditions préalables mettent en évidence l'état lamentable de l'espace civique aux Émirats arabes unis et les attaques contre les défenseurs des droits humains, les activistes et les journalistes qui se sont exprimés sur les questions relatives aux droits humains. Ces déclarations sont en contradiction avec l'objectif et le but de la COP et pourraient conduire certains participants à s'autocensurer.
Nous rappelons au gouvernement des Émirats arabes unis, aux Nations unies et à tous les États participants le plan de mise en œuvre de Charm el-Cheikh adopté par les parties en ce qui concerne la société civile et l'espace civique. Elles se sont engagées à prendre en compte leurs obligations respectives en matière de droits humains et à reconnaître le rôle de la société civile, des communautés autochtones et des jeunes dans la lutte contre le changement climatique. Une action climatique forte et inclusive nécessite la participation pleine et entière de toutes les parties prenantes, y compris la société civile, les États, les activistes et les communautés autochtones.
Inquiétude face à la poursuite des détentions de défenseurs des droits humains aux Émirats arabes unis
La planification de la prochaine COP se déroule dans le contexte de crise actuelle des droits humains et de restrictions accrues de l'espace civique dans les Émirats arabes unis, qui se trouvent dans la pire catégorie - "fermée" - du CIVICUS Monitor, une plateforme de recherche participative qui cartographie l'espace civique dans le monde entier. Actuellement, des dizaines de défenseurs des droits humains et des activistes sont toujours détenus pour avoir mené des activités pacifiques en faveur des droits humains et pour avoir appelé à des réformes démocratiques. Parmi les personnes détenues figure un défenseur des droits humains bien connu, Ahmed Mansoor, qui purge actuellement une peine de dix ans d'emprisonnement et est maintenu à l'isolement depuis son arrestation en mars 2017 pour ses activités en faveur des droits humains.
Plus de 60 autres activistes appartenant au groupe connu sous le nom d'UAE94 ont été arrêtés en 2012 pour leurs activités en faveur de la démocratie et condamnés à des peines d'emprisonnement allant de sept à quinze ans. Ils ont été poursuivis et condamnés en violation de leurs droits à un procès équitable, notamment en raison de violations commises avant le procès. Ces personnes et d'autres activistes sont toujours détenus dans des centres Munasaha (centres de conseil) de la même prison, où ils sont considérés comme une menace pour la sécurité et comme des personnes ayant besoin d'être réhabilités. Des activistes comme Abdullah Ibrahim Al-Helou, Abdulslaam Darwish, Ahmed Ghaith Al-Suwaidi et le Dr. Mohammed Al-Roken, ainsi que de nombreux autres, sont toujours détenus après l'expiration de leur peine d'emprisonnement.
Les manifestations souvent organisées en marge des COP sont essentielles pour mettre en évidence les préoccupations concernant les restrictions auxquelles sont confrontés les plus vulnérables et pour exiger une plus grande responsabilisation des parties participant à ces réunions. Aux Émirats arabes unis, bien que la Constitution garantisse le droit de manifester, les manifestations sont en réalité interdites de facto, car les autorités exigent une notification préalable avant toute manifestation. Des lois restrictives, telles que la loi fédérale sur les infractions et les sanctions, la loi sur la lutte contre les rumeurs et la cybercriminalité (2021) et le code pénal, imposent des peines sévères, y compris la prison à vie, à ceux qui dirigent ou encouragent des rassemblements dans les espaces publics dans l'intention de provoquer des émeutes ou de mettre en péril la sécurité publique. Ces lois limitent également la capacité des Émiratis à organiser ou à planifier des manifestations en ligne et criminalisent les déclarations publiques de dissidence à l'égard de l'État ou du système de gouvernement ou de déloyauté envers les dirigeants.
Le succès de l'organisation de la COP28 risque d’être menacé si le gouvernement des Émirats arabes unis ne s'attaque pas d'urgence à ces restrictions et ne crée pas un environnement favorable dans lequel toutes les parties prenantes peuvent exprimer leurs opinions, y compris lors de manifestations pacifiques, sans craindre d'être intimidées, arrêtées ou détenues. La société civile a un rôle crucial à jouer en fournissant des informations, des perspectives communautaires et en défendant les questions climatiques auprès des États, des décideurs politiques et des médias.
Donner la priorité aux préoccupations des groupes exclus, y compris les communautés autochtones
Au cours des deux derniers mois, plus de 500 représentants de communautés autochtones d'au moins 20 pays ont tenu des consultations préalables à la COP et ont exprimé leurs inquiétudes quant au manque de participation des groupes autochtones aux processus décisionnels de la COP. Les communautés autochtones sont déjà victimes de discriminations, car elles sont souvent exclues des processus décisionnels nationaux, n'ont pas accès à la justice et sont expulsées de force de leurs terres ancestrales pour faire place à certains projets. En tant que communauté la plus touchée par le changement climatique, les groupes autochtones doivent souvent faire face aux grandes entreprises qui travaillent avec les gouvernements pour construire des projets à grande échelle, souvent nuisibles à l'environnement, sur leurs terres ancestrales.
Des efforts concrets doivent être déployés pour garantir l'inclusion et la pleine participation des peuples autochtones aux événements officiels et non officiels avant, pendant et après la COP 28. Bien que les communautés autochtones admettent qu'il y a eu une participation sans précédent aux événements parallèles lors de la COP 27 de l'année dernière à Sharm El Sheikh, cette participation n'a pas atteint les espaces clés où les résolutions ont été discutées. En conséquence, les principales préoccupations des communautés autochtones ont été ignorées dans les principaux résultats de la conférence.
Nous saluons les décisions prises lors des précédentes COP qui ont créé un Fonds pour les pertes et dommages afin de fournir un financement aux pays vulnérables les plus touchés par les catastrophes climatiques, mais une fois de plus, les communautés autochtones risquent d'être ignorées lorsque le fonds deviendra opérationnel. Les mécanismes actuels de financement de la lutte contre le changement climatique ne donnent pas la priorité aux communautés autochtones et, si le modèle de financement actuel reste le même, les actions sur les pertes et dommages seront inefficaces.
Afin de garantir une COP inclusive, cohérente et redevable, nous, organisations de la société civile soussignées et membres de communautés autochtones du monde entier, demandons instamment aux Émirats arabes unis, aux États parties et aux Nations unies à :
- Assurer la participation de tous les groupes sans discrimination avant et pendant la COP. Il s'agit notamment d'accorder à tous les participants des documents de voyage et de leur permettre d'accéder aux principaux forums de prise de décision.
- Permettre la liberté de réunion pacifique avant, pendant et lors de la COP28. Reconnaître que les manifestations sont un moyen fondamental pour la société civile d'exprimer ses préoccupations et ses propositions, en particulier pour les communautés exclues des processus décisionnels des États parties pendant la conférence.
- Prendre des mesures significatives pour remédier à la crise des droits humains dans les Émirats arabes unis, éliminer les restrictions sur l'espace civique et respecter le droit à la liberté d'expression, d'association et de réunion.
- Respecter toutes les recommandations faites aux Émirats arabes unis dans le cadre de l'examen périodique universel de cette année.
- Libérer tous les défenseurs des droits humains, les activistes et les prisonniers d'opinion actuellement détenus, y compris Ahmed Mansoor et tous les membres d'UAE 94, et abandonner toutes les charges retenues contre eux.
- Mettre fin à l'impunité des violations des droits humains en exigeant que les représentants du gouvernement qui s'efforcent de restreindre la capacité de la société civile et des participants à la COP à s'exprimer sans crainte d'intimidation et de harcèlement rendent compte de leurs actes.
- Placer les peuples autochtones au centre des décisions sur le financement de la lutte contre le changement climatique et inclure un langage spécifique reconnaissant les droits des communautés autochtones dans les principales décisions et actions à prendre lors de la COP 28.
- Créer un groupe de travail technique des peuples autochtones qui servira de mécanisme formel permanent pour les négociations lors de la COP 28 et qui veillera à ce que les préoccupations des peuples autochtones se traduisent par des solutions et des actions dans le cadre des négociations.
Soutenu par:
- Young Advocates for a Sustainable and Inclusive Future (YASIF) Nigeria
- ASSOCIATION JEUNESSE ACTIVE POUR L’INTEGRATION ET L’EDUCATION (JAIE) - Togo
- Centre for Minority Rights Development (CEMIRIDE) - Kenya
- Réseau des Femmes Leaders pour le Développement (RFLD) - Pan African
- JEUNESSE ENGAGEE POUR LA SOLIDARITE LA PAIX ET LE DEVELOPPEMENT (JESPD) - Bénin
- Women for Green Economy Movement Uganda (WoGEM Uganda) - Ouganda
- Unissons nous pour la Promotion des Batwa (UNIPROBA) - Burundi
- OilWatch Africa - Nigeria
- Assistance aux Laissés Pour Compte (ALPC) - Cameroun
- Canard Dechaine Media - Niger
- Association BIOWA - Burkina Faso
- Coalition Nationale des Volontaires pour le Développement Durable (CNVD) - Cameroun
- Association pour le Développement Social et Culturel des Mbororo du Cameroun. (MBOSCUDA) - Cameroun
- Foyer d’Accueil Pour Jeune Fille Mère (FAJEFIM) - Cameroun
- Association de Lutte Contre Toute Forme de Violence (ALUCOV) -Cameroun
- Association Pour la Promotion du Développement Durable et des Activités Sociales (APRODDAS) - Cameroun
- cercle des oeuvres pour les initiatives de
- developpement africaine (COIDAF) - Cameroun
- Sourire et Espoir sans frontières (SESF) - Cameroon
- Association pour Assistance Humanitaire (AAH) - Cameroun
- Benet Mosop Indigenous Community Association (BMCA) - Ouganda.
- Prime Initiative for Green Development (PIGD) - Nigeria.
- Egbema Voice of Freedom - Nigeria.
- Global Advancement Initiative(GAI) - Nigeria
- Forum for Peace and Development Initiatives (FOPEDI). KENYA
- Namibia Indigenous Peoples Advocacy Platform Trust (NIPAP TRUST - Namibie
- Batwa Indigenous Community
- Benet Lobby Group
- Action for Climate and Environmental Justice (ACEJ) _ Ouganda
- United Organisation for the Batwa Development in Uganda (UOBDU) - Ouganda
- Batwa Community Development Organisation (BCDO) - Ouganda
- Batwa Indigenous Empowerment Organisation (BIEO) - Ouganda
- Batwa Development Organisation (BDO) - Ouganda
- Action for the Batwa Empowerment Group (ABEG) - Ouganda
- Chepkitale Indigenous People Development Program (CIPDP) - Kenya
- Greater Benet Apiary Group
- Ogiek Indigenous Development Program - Kenya
- Pastoralists Indigenous NGOs Forum
- Endorois Indigenous Women Empowerment Network (EIWEN)
- (PINGO’s Forum) - Tanzanie
- Botswana Khwedom Council- Botswana
- The San Vision Foundation(TSVF)- Afrique du Sud
- The Voice of the San People - Afrique du Sud
- East Africa Campuses and colleges green network - EACCGN
- Baringo Women and Youth Organization (BWYO)- Baringo, Kenya.
- Yiaku Laikipiak Trust (YLT)- Kenya
- Endorois Welfare Council(EWC)- Kenya
- Oltoilo LeMaa CBO {OLM-K}- Kenya
- Ewang’an Foundation - Kenya
- Kenya Indigenous Youth Network - Kenya
- Women of hope abled differently org WHAD- Kenya
- UG Women for Peace- Kenya
- Forum for Indigenous Resource Management(F.I.R.M)-Kenya
- Ogiek Peoples Development Program (OPDP)- Kenya
- Moonlight Initiative- Sagana, Kenya.
- Turkana Development Organizations Forum -TuDOF Kenya.
- African Resource Centre for Indigenous Peoples and Ethnic Minorities - Africa
- Sourire et Espoir sans frontières - Cameroon
- South African Nama Development Association (SANDEVA) SOUTH AFRICA NC.