Violation Des Droits Humains

  • Afghanistan : L'ONU et les États membres doivent prendre des mesures urgentes pour protéger la société civile

    CIVICUS, l'alliance mondiale de la société civile, est profondément préoccupée par la sécurité des défenseurs des droits humains, des journalistes et du personnel des organisations de la société civile en Afghanistan, suite à l'effondrement du gouvernement du Président Ashraf Ghani et à la prise de pouvoir par les Talibans.

    Comme l'ont demandé les experts de l'ONU, nous exhortons les États membres de l'ONU à prendre des mesures immédiates pour les protéger et à demander de toute urgence la tenue d'une session spéciale du Conseil des droits de l'homme sur l'Afghanistan, qui comprendra une discussion sur la mise en place rapide d'une mission d'enquête chargée d'évaluer la situation sur le terrain et de rendre compte.

    Les talibans ont un passé de violation des droits humains, de mesures de représailles coordonnées contre leurs détracteurs, et d'attaques contre les civils en toute impunité. Après la prise de contrôle de Kaboul, les défenseurs des droits humains ont signalé que des listes de noms de représentants de la société civile ont été révélées par les talibans et que des raids ont été menés à leur domicile. Les défenseurs des droits humains qui tentent de quitter le pays ont également été empêchés d'embarquer dans des avions, les missions étrangères ayant donné la priorité à l'évacuation de leurs propres ressortissants et de leur personnel. D'autres se sont cachés et craignent pour leur vie.

    Le Haut-Commissaire aux droits de l'homme s'est également inquiété des premières informations indiquant que les talibans imposent de sévères restrictions aux droits humains dans les zones qu'ils contrôlent, en ciblant particulièrement les femmes.

    « La crise qui se déroule en Afghanistan exige une réponse urgente et déterminée de la part des Nations unies et des États membres. Des mesures proactives doivent être prises pour assurer la sécurité et la protection des défenseurs des droits humains, en particulier des femmes. Nombre d'entre eux risquent d'être pris pour cible par les talibans en raison de leur travail, et des efforts doivent être déployés pour les évacuer et les réinstaller, eux et leurs familles », a déclaré Josef Benedict, chercheur en matière d'espace civique chez CIVICUS.

    CIVICUS a recueilli des informations sur les attaques des talibans contre la société civile au cours des dernières années. Les défenseurs des droits humains, en particulier les femmes, ont été menacés dans l'exercice de leurs fonctions et certains ont été enlevés et tués. Nombre d'entre eux ont dû déménager pour des raisons de sécurité, alors même que les auteurs de ces actes n'ont pas été tenus pour responsables. Les récentes négociations de paix n'ont pas réussi à inclure de manière adéquate et efficace la société civile, en particulier les femmes défenseures des droits humains.

    Selon les informations compilées par le Comité afghan des défenseurs des droits humains (AHRDC), 17 défenseurs des droits humains ont été tués entre septembre 2020 et mai 2021 seulement. Plus de 200 défenseurs des droits humains et représentants des médias ont déclaré avoir reçu de graves menaces. Compte tenu des conditions de conflit et de l'instabilité politique actuelles, ces menaces se sont amplifiées.

    L'appel lancé par le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, le 16 août, à la communauté internationale pour qu'elle parle d'une seule voix afin de faire respecter les droits humains en Afghanistan, est un pas dans la bonne direction.

    « Le Conseil de sécurité des Nations unies doit saisir l'occasion qui se présente actuellement pour relancer rapidement les pourparlers de paix inter-afghans, qui sont dans l'impasse, et assurer une représentation effective de la société civile, en particulier des femmes. Il doit également appeler les talibans à respecter le droit international des droits de l'homme, à protéger les civils et à mettre fin aux opérations de représailles », a déclaré Josef Benedict.

    Le CIVICUS Monitor,une plateforme en ligne qui suit les menaces pesant sur la société civile dans les pays du monde entier, qualifie l'espace civique - l'espace pour la société civile - en Afghanistan comme étant réprimé.

  • Burundi : le Conseil des droits de l’homme devrait poursuivre son examen minutieux de la situation et son travail en faveur de la justice et de la redevabilité

    À l’attention des Représentants permanents des États Membres et Observateurs du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, Genève (Suisse)

    Madame, Monsieur le Représentant permanent,

    Lors de la 45ème session du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies (ci-après le Conseil), en octobre 2020, le Conseil a renouvelé le mandat de la Commission d’enquête (CoI) sur le Burundi pour une année supplémentaire. Cette décision a permis au seul mécanisme indépendant ayant pour mandat de documenter les violations et atteintes aux droits humains de suivre et de faire rapport publiquement sur la situation au Burundi de poursuivre effectivement son travail. En adoptant la résolution 45/19, le Conseil a reconnu que des évolutions politiques n’équivalent pas à des changements en matière de droits humains et a réaffirmé sa responsabilité de soutenir les victimes et les survivants de violations et de continuer à oeuvrer à améliorer la situation dans le pays.

    En amont de la 48ème session du Conseil (13 septembre-8 octobre 2021), nous vous écrivons afin d’exhorter votre délégation à soutenir les efforts visant à s’assurer que le Conseil poursuive son examen minutieux de la situation et son travail en faveur de la justice et de la redevabilité au Burundi. En l’absence d’améliorations structurelles et à la lumière d’une récente augmentation des violations des droits humains contre les personnes perçues comme des opposants au Gouvernement, nous considérons qu’il n’existe aucune base ni progrès mesurable qui justifieraient un abandon de l’approche actuelle ou un non-renouvellement du mandat de la CoI. Lors de la session prochaine, au minimum, le Conseil devrait adopter une résolution reflétant la réalité du terrain, notamment via les éléments suivants.

    En premier lieu, la résolution devrait reconnaître que malgré quelques avancées observées lors de l’année écoulée, la situation des droits humains au Burundi n’a pas changé de façon substantielle ou durable. Tous les problèmes structurels que la CoI et d’autres acteurs ont identifiés depuis 2015 restent inchangés. Au cours des derniers mois a été documentée une augmentation des arrestations arbitraires d’opposants politiques ou de personnes perçues comme telles, ainsi que des cas de torture, de disparitions forcées et d’assassinats ciblés, ce qui apparaît comme un retour en arrière par rapport aux progrès initiaux ayant suivi les élections de 2020. Des violations graves, dont certaines pourraient être constitutives de crimes contre l’humanité, se poursuivent. L’impunité reste généralisée, en particulier en ce qui concerne les graves crimes commis en 2015 et 20161. Si certains défenseurs des droits humains ont été libérés, les organisations nationales et internationales de défense des droits humains se trouvent toujours dans l’impossibilité de mener leurs opérations dans le pays.

    La résolution devrait reconnaître que tout changement substantiel d’approche du Conseil envers la situation au Burundi dépend de progrès mesurables et durables en relation avec des problèmes clefs en matière de droits humains. L’approche du Conseil devrait reposer sur des indicateurs destinés à mesurer des progrès tangibles et s’appuyant sur les indicateurs identifiés par la CoI2. Le Gouvernement burundais devrait explicitement reconnaître les défis existants en matière de droits humains, permettre aux mécanismes indépendants de protection des droits humains d’accéder au pays, et coopérer avec eux. Il devrait également élaborer un plan précis de mise en oeuvre doté d’un calendrier.

    En second lieu, l’approche du Conseil devrait se focaliser sur les fonctions essentielles suivantes :

    (i) Poursuite d’un travail indépendant de documentation et de suivi des violations, ainsi que des rap-ports publics sur la situation des droits humains au Burundi, appuyé par des ressources suffisantes.

    Ces fonctions demeurent essentielles, particulièrement en l’absence d’un mouvement de défense des droits humains solide et d’institutions indépendantes au Burundi. Ce travail devrait être conduit par la CoI ou par un mécanisme ou une équipe d’experts qui soit similairement indépendant, dont le mandat soit dédié au Burundi, et utilisant des méthodologies professionnelles pour collecter des informations détaillées. Le mécanisme ou l’équipe d’experts devrait avoir pour mandat d’établir les responsabilités et d’identifier toutes les personnes dont la responsabilité pénale pourrait être engagée. Afin d’assurer un suivi du travail de la CoI, y compris concernant les liens entre les violations des droits humains et les réseaux économiques et la corruption, le mécanisme ou l’équipe d’experts devrait s’appuyer sur une analyse approfondie des dynamiques politiques, sociales et économiques à l’œuvre au Burundi. À cet effet, un niveau adéquat d’expertise, de ressources financières et de ressources humaines est requis.

    (ii) Suivi du travail et des recommandations de la CoI, particulièrement en ce qui concerne la justice et la redevabilité.

    Les rapports et les recommandations de la CoI, de 2017 à ce jour, forment une feuille de route pour les réformes. Ceci est particulièrement vrai dans le domaine de la justice et de la redevabilité. Le Gouvernement burundais n’a pris aucune mesure en vue de reprendre sa coopération avec le Bureau de la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) ou de coopérer avec les mécanismes régionaux de protection des droits humains3. L’institution nationale des droits humains, la Commission nationale indépendante des droits de l’Homme du Burundi (CNIDH), souffre d’un manque d’indépendance qui est démontré par son refus d’enquêter et de faire rapport sur les violations politiquement motivées. Elle ne peut donc pas constituer un substitut pour la CoI, malgré la réattribution de son statut A. Un mécanisme indépendant ou une équipe disposant d’un mandat pour conduire un travail substantiel dans le domaine de la justice et de la redevabilité demeure par conséquent essentiel. En plus de documenter les violations et d’identifier toutes les personnes dont la responsabilité pénale pourrait être engagée, son travail devrait inclure des recommandations visant à mettre fin à l’impunité.

    La CoI, qui présentera un rapport écrit au Conseil lors de sa prochaine 48ème session, continue de fournir un aperçu vital de la situation des droits humains au Burundi. Comme sa prédécesseure, l’Enquête indépendante des Nations Unies sur le Burundi (EINUB), elle a documenté des violations et des atteintes flagrantes, généralisées et systématiques aux droits humains. Tant la minutie que la visibilité de son travail ont envoyé un signal aux personnes dont la responsabilité pénale pourrait être engagée que leur comportement était surveillé et documenté.

    Des améliorations concrètes et durables concernant la situation des droits humains au Burundi n’interviendront pas suite à un relâchement par le Conseil de sa surveillance. Au contraire, une attention internationale continue et un travail substantiel en faveur de la justice et de la redevabilité constituent la meilleure chance de parvenir à des changements réels dans le pays.

    Lors de sa 48ème session, le Conseil devrait éviter d’envoyer au Gouvernement burundais des signaux décourageant des réformes nationales en faveur de la protection des droits humains. Le Conseil devrait s’assurer d’une continuation du travail de documentation, de suivi de la situation et de rapports publics, ainsi que des débats publics sur la situation des droits humains au Burundi, avec une attention soutenue aux questions de justice et de redevabilité. Il devrait exhorter les autorités burundaises à prendre des engagements concrets pour mettre en oeuvre des réformes dans le domaine des droits humains, lesquelles devraient être encadrées par un calendrier précis et mesurées au moyen d’indicateurs de progrès détaillés.

    Nous vous remercions de l’attention que vous porterez à ces préoccupations et nous tenons prêts à fournir à votre délégation toute information supplémentaire. Nous vous prions de croire, Madame, Monsieur le Représentant permanent, en l’assurance de notre haute considération.

    1. Action des chrétiens pour l’abolition de la torture – Burundi (ACAT-Burundi)
    2. African Centre for Justice and Peace Studies (ACJPS)
    3. AfricanDefenders (Réseau panafricain des défenseurs des droits de l’homme)
    4. Amnesty International
    5. Article 20 Network
    6. Association burundaise pour la protection des droits humains et des personnes détenues (APRODH)
    7. Association des Journalistes Burundais en Exil (AJBE)
    8. Center for Constitutional Governance (CCG)
    9. Centre mondial pour la responsabilité de protéger (GCR2P)
    10. Centre pour les droits civils et politiques (Centre CCPR)
    11. CIVICUS
    12. Coalition burundaise pour la Cour pénale internationale (CB-CPI)
    13. Coalition burundaise des défenseurs des droits de l’homme (CBDDH)
    14. Collectif des avocats pour la défense des victimes de crimes de droit international commis au Burundi (CAVIB)
    15. Commission internationale de juristes (CIJ)
    16. Coalition de la société civile pour le monitoring électoral (COSOME)
    17. DefendDefenders (Projet des défenseurs des droits humains de l’Est et de la Corne de l’Afrique)
    18. Ethiopian Human Rights Defenders Center
    19. Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH)
    20. Fédération internationale des ACAT (FIACAT)
    21. Forum asiatique pour les droits de l’Homme et le développement (FORUM-ASIA)
    22. Forum pour la conscience et le développement (FOCODE)
    23. Genève pour les Droits de l’Homme / Geneva for Human Rights
    24. Human Rights Watch
    25. Lawyers’ Rights Watch Canada
    26. L'Initiative pour les droits humains au Burundi (IDHB)
    27. Institut du Caire pour l’étude des droits de l’Homme (CIHRS)
    28. Light For All
    29. Ligue Iteka
    30. Mouvement érythréen pour la démocratie et les droits humains (EMDHR)
    31. Mouvement INAMAHORO, Femmes et Filles pour la Paix et la Sécurité
    32. Mouvement international contre toutes les formes de discrimination et de racisme (IMADR)
    33. Observatoire de la lutte contre la corruption et les malversations économiques (OLUCOME)
    34. Odhikar
    35. Organisation mondiale contre la torture (OMCT)
    36. Organisation pour la transparence et la gouvernance (OTRAG)
    37. Protection International Africa
    38. Reporters Sans Frontières
    39. Réseau des citoyens probes (RCP)
    40. Réseau européen pour l'Afrique centrale (EurAc)
    41. SOS-Torture/Burundi
    42. Tournons La Page
    43. TRIAL International

    L'espace civique du Burundi est classé comme "fermé" par le CIVICUS Monitor

    1 Dans sa dernière mise à jour orale au Conseil, évaluant la situation des droits humains en s’appuyant sur les points d’action détaillés identifiés dans son rapport de septembre 2020, la CoI a conclu que « [l]a situation actuelle au Burundi est trop complexe et incertaine, pour pouvoir parler d’une véritable amélioration » (Présentation orale de la Commission d’enquête sur le Burundi, 46ème session du Conseil des droits de l’homme, 11 mars 2021, disponible via : https://www.ohchr.org/EN/HRBodies/HRC/Pages/NewsDetail.aspx?NewsID=26879&LangID=F).
    2 Voir la lettre 2020 de la société civile, disponible via : DefendDefenders et al., « Burundi : le rôle vital de la Commission d’enquête dans l’optique de progrès concrets en matière de droits humains », 21 August 2020, https://defenddefenders.org/wpcontent/uploads/2020/08/HRC45-Civil-society-letter-regarding-BURUNDI-FR.pdf (consultée le 22 juillet 2021). Le dernier rapport de la CoI est disponible via : https://www.ohchr.org/EN/HRBodies/HRC/CoIBurundi/Pages/CoIBurundiReportHRC45.aspx.
    3 Les observateurs de l’Union africaine (UA) n’ont jamais été pleinement déployés et ont fait face à un certain nombre de restrictions à leur travail. Leur mission s’est achevée le 31 mai 2021. Le Burundi n’a jamais coopéré avec la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) pour mettre en oeuvre ses résolutions.

     

     

     

  • Guinée : la société civile demande la levée de l’interdiction des rassemblements

    La décision des autorités de transition guinéennes d’interdire les manifestations publiques sur les places publiques pendant la période de transition vise à saper davantage le droit de manifestation et à empêcher les Guinéens d’exprimer leur opinion sur les questions qui les concernent. 

  • Les organisations de la société civile demandent à la Tunisie de lever toute restriction à l'espace civique et aux institutions indépendantes, et de rétablir l'état de droit.

    Plus de 100 organisations de la société civile soutiennent la déclaration appelant à la fin des restrictions en Tunisie.

    🇹🇳President Kaïs Saïed has, in the past year, implemented several decisions aimed at consolidating power in the hands of the executive!
    🚨Are we witnessing a gradual slide towards authoritarianism in #Tunisia
    More info at https://t.co/smyRBBd4Af
    ⏬⏬⏬⏬ pic.twitter.com/F2q3GKvg94

    — CIVICUS (@CIVICUSalliance) March 22, 2022

  • Lettre internationale de soutien à la société civile bélarusse

    « Ils pourront couper toutes les fleurs, ils n’empêcheront pas le printemps »
    Pablo Neruda

    161 organisations de défense des droits humains appellent à la fin de la répression à l’encontre du Centre des droits humains Viasna et de tou.te.s les autres défenseur.e.s des droits humains au Bélarus. Nous condamnons les arrestations arbitraires systématiques, les coups et blessures et les actes de torture dont ils font l’objet. Malgré la répression totale exercée par les autorités bélarusses, les défenseurs des droits humains au Belarus continuent de lutter pour les droits de leur communauté. Inspirés par leur courage, nous ne cesserons de nous battre jusqu’à ce qu’ils soient toutes et tous libéré.es et puissent poursuivre leur travail de défense des droits humains librement et sans entrave.

    Au cours des derniers jours, nous avons assisté à une nouvelle vague de perquisitions et à l’arrestation de douzaines de membres de l’éminente organisation de défense des droits humains Viasna, et d’autres défenseurs des droits humains et militant·e·s bélarusses. Cette répression intervient en représailles de la dénonciation des violations de droits humains commises depuis la violente répression des manifestants pacifiques en août 2020. Depuis cette période, plus de 35 000 Bélarusses ont été arrêté.es pour avoir participé à des manifestations pacifiques, environ 3 000 instructions pénales ont été ouvertes pour des motifs politiques et au moins 2 500 cas de torture de citoyens bélarusses ont été documentés. Nous estimons que ces violations systématiques et généralisées des droits humains peuvent s’apparenter à des crimes contre l’humanité. En date du 19 juillet, 561 personnes étaient considérées comme des prisonnier·e·s politiques au Bélarus.

    Entre le 14 et le 16 juillet 2021, plus de 60 perquisitions ont été réalisées au domicile et dans les bureaux de plusieurs organisations de défense des droits humains du Bélarus et de leur personnel, dont le Centre de défense des droits humains Viasna, deux organisations membres du Comité international d’enquête sur la torture au Bélarus, ‘Human Constanta’ et ‘Legal Initiative’, ainsi que le Comité Helsinki du Bélarus, l’Association bélarusse des journalistes, le Centre de transformation juridique ‘LawTrend’, ‘Ecodom’ et bien d’autres encore. Des documents et du matériel informatique, y compris des ordinateurs portables, des téléphones portables et des ordinateurs de bureau ont été saisis au cours de ces perquisitions.

    Au total, plus de 30 personnes ont été interrogées. 13 d’entre elles ont été détenues pendant 72 heures, officiellement dans le cadre d’une enquête pour troubles à l’ordre public et évasion fiscale. La plupart a ensuite été libérée, dont Mikalai Sharakh, Siarhei Matskievich, et les membres de Viasna Andrei Paluda, Alena Laptsionak, Yauheniya Babaeva, Siarhei Sys, Viktar Sazonau, Ales Kaputski et Andrei Medvedev. Plusieurs d’entre eux restent toutefois frappés d’une interdiction de sortie du territoire et ont été mis en examen. Ales Bialiatsky, le président de Viasna, Valiantsin Stefanovic, vice-président de Viasna et vice-président de la FIDH, et Uladzimir Labkovich, un avocat et membre de Viasna, restent par ailleurs toujours en détention. Le 17 juillet, ces quatre militants ont été transférés vers le centre de détention provisoire ‘Valadarskaha’. Quatre autres membres de Viasna, Leanid Sudalenka, Tatsiana Lasitsa, Marfa Rabkova et Andrey Chapyuk, ainsi qu’Aleh Hrableuski, du Bureau de défense des droits des personnes en situation de handicap, sont quant à eux en détention provisoire depuis fin 2020 / début 2021.

    Viasna, l’une des organisations de défense des droits humains du pays, membre des réseaux de l’OMCT et de la FIDH, a été visée par le gouvernement du Bélarus pendant plus de vingt ans. En août 2011, son président Ales Bialiatsky avait été condamné à quatre ans et demi de prison sur base d’accusations montées de toutes pièces, puis libéré en juin 2014, après avoir passé 1 052 jours en détention arbitraire dans de terribles conditions. En guise de représailles pour le travail courageux et la position inébranlable de Viasna en faveur des droits humains, les autorités du Bélarus s’efforcent à nouveau de détruire l’organisation en mettant sept de ses membres derrière des barreaux.

    Les attaques ont commencé dès le lendemain de l’adoption par le Conseil des droits de l’Homme des Nations unies de la résolution condamnant la situation des droits humains au Bélarus, exigeant la libération de toutes les personnes détenues arbitrairement et une enquête sur les cas allégués de torture et d’autres violations de droits humains.

    Les 8, 9 et 16 juillet 2021, les autorités ont perquisitionné les domiciles et les locaux de plusieurs médias indépendants et de leur personnel, dont Nasha Niva, l’un des plus anciens journaux indépendants du pays, et arrêté trois de ses journalistes. Les bureaux de RFE/ Radio Liberty et Belsat, la plus grande chaîne de télévision indépendante couvrant le Bélarus, ont également fait l’objet d’une perquisition, et plusieurs de leurs journalistes ont été arrêtés. A l’heure actuelle, 30 professionnels des médias et des douzaines de blogueur·se·s sont encore en détention.

    Nous, les organisations de la société civile soussignées, condamnons la voie de la violence et les violations massives des droits humains perpétrées par les autorités du Bélarus qui pourraient, nous le craignons, provoquer encore davantage de violence. Cette dernière vague de persécutions, associée à la répression brutale des derniers mois, montre que les autorités ont pour objectif d’arrêter ou de contraindre à l’exil tou·te·s les défenseur·e·s des droits humains du pays.

    Nous exprimons notre solidarité vis-à-vis de nos collègues et nos ami·e·s détenu·e·s, harcelé·e·s et persécuté·e·s en raison de leur travail courageux. C’est avec grande tristesse et préoccupation que nous assistons à ce qu’il·elle·s doivent endurer. Nous sommes profondément inspiré·e·s par leur engagement et leur résilience.

    Nous exhortons les autorités du Bélarus à cesser le harcèlement et l’intimidation des voix critiques, et à libérer tou·te·s les défenseur·e·s des droits humains, journalistes et militant·e·s.

    Nous appelons la communauté internationale à soutenir avec force les défenseur·e·s des droits humains du Bélarus, à dénoncer publiquement cette situation et à exiger la libération de ceux·celles qui sont encore derrière des barreaux et dont le seul crime est d’avoir exigé des changements et une société basée sur la justice plutôt que sur la peur.

    Signataires

    1. Abdorrahman Boroumand Center for Human Rights in Iran - Iran
    2. ACAT Belgique - Belgique
    3. ACAT Burundi - Burundi
    4. ACAT España-Catalunya (Acción de los Cristianos para la Abolición de la Tortura) - Espagne
    5. ACAT Germany (Action by Christians for the Abolition of Torture) - Germany
    6. ACAT Italia - Italie
    7. ACAT République Centrafricaine – République centrafricaine
    8. ACAT République Démocratique du Congo – République démocratique du Congo
    9. ACAT Suisse - Suisse
    10. ACAT Tchad - Thad
    11. ACAT Togo - Togo
    12. Action Against Violence and Exploitation (ACTVE) - Philippines
    13. Action des Chrétiens Activistes des Droits de l’Homme à Shabunda (ACADHOSHA) - République démocratique du Congo
    14. Advocacy Forum – Nepal - Nepal
    15. Agir ensemble pour les droits humains - France
    16. Albanian Human Rights Group
    17. ALTSEAN-Burma - Myanmar
    18. Anti Death Penalty Asia Network (ADPAN) - Malaisie/Asie-Pacifique
    19. Anti-Discrimination Centre Memorial - Belgique
    20. ARTICLE 19
    21. ASEAN Parliamentarians for Human Rights - Indonésie
    22. Asia Pacific Solidarity Coalition (APSOC) - Philippines
    23. Asociación para una Ciudadanía Participativa (ACI PARTICIPA) - Honduras
    24. Asociación pro derechos humanos (Aprodeh) - Pérou
    25. Association Mauritanienne des droits de l'homme (AMDH-Mauritanieuri) - Mauritanie
    26. Association of Parents of Disappeared Persons (APDP) - Inde
    27. Association Tchadienne pour la promotion et la Défense des Droits de l'Homme (ATPDH) - Tchad
    28. Association tunisienne des femmes démocrates - Tunisie
    29. Avocats Sans Frontières France (ASF France) - France
    30. Banglar Manabadhikar Suraksha Mancha (MASUM) - Inde
    31. Belarusian-Swiss Association RAZAM.CH - Suisse
    32. Bulgarian Helsinki Committee - Bulgarie
    33. Cambodian Center for Human Rights (CCHR) - Cambodge
    34. Capital Punishment Justice Project (CPJP) - Australie
    35. Center for Civil Liberties - Ukraine
    36. Center for Constitutional Rights (CCR) – États-Unis d’Amérique
    37. Centre for Applied Human Rights (CAHR), University of York – Royaume-Uni
    38. Centre for the Development of Democracy and Human Rights (CDDHR) - Russie
    39. Centro de Derechos humanos Fray Bartolomé de las Casas A.c. (Frayba) - Mexique
    40. Centro de Derechos Humanos Paso del Norte - Mexique
    41. Centro de Investigación y Promoción de los Derechos Humanos (CIPRODEH) - Honduras
    42. Centro de Prevención, Tratamiento y Rehabilitación de Victimas de la Tortura y sus familiares (CPTRT) - Honduras
    43. Centro de Salud Mental y Derechos Humanos (CINTRAS) - Chili
    44. Changement Social Bénin (CSB) - Benin
    45. CIVICUS
    46. Civil Rights Defenders (CRD) - Suède
    47. Comision Nacional de los Derechos Humanos (CNDH-RD) – République dominicaine
    48. Coalition Burkinabé des Défenseurs des Droits Humains (CBDDH) - Burkina Faso
    49. Coalition Marocaine contre la Peine de Mort - Maroc
    50. Coalition Tunisienne Contre la Peine de Mort - Tunisie
    51. Collectif des Associations Contre l'Impunité au Togo (CACIT) - Togo
    52. Comisión de derechos humanos – COMISEDH - Pérou
    53. Comité de Familiares de Detenidos Desaparecidos en Honduras (COFADEH) - Honduras
    54. Comité de solidaridad con los presos políticos (FCSPP) - Colombie
    55. Committee on the Administration of Justice (CAJ) – Irlande du Nord (Royaume-Uni)
    56. Crude Accountability - États-Unis d’Amérique
    57. Czech League of Human Rights – République tchèque
    58. Death Penalty Focus (DPF) - États-Unis d’Amérique
    59. Defenders of human rights centre - Iran
    60. DEMAS - Association for Democracy Assistance and Human Rights - République tchèque
    61. DITSHWANELO - The Botswana Centre for Human Rights - Botswana
    62. Eastern Partnership Civil Society Forum (EaP CSF) - Belgique
    63. Eleos Justice, Monash University - Australie
    64. Enfants Solidaires d'Afrique et du Monde (ESAM) - Benin
    65. Federal Association of Vietnam-Refugees in the Federal Republic of Germany - Allemagne
    66. FIDU - Italian Federation for Human Rights - Italie
    67. Finnish League for Human Rights - Finlande
    68. Free Press Unlimited – Pays-Bas
    69. Fundación Regional de Asesoría en Derechos Humanos (INREDH) - Équateur
    70. GABRIELA Alliance of Filipino Women - Philippines
    71. German Coalition to Abolish the Death Penalty (GCADP) - Allemagne
    72. Greek Helsinki Monitor - Grèce
    73. Helsinki Citizens' Assembly – Vanadzor - Arménie
    74. Helsinki Foundation for Human Rights - Pologne
    75. Citizens' Watch Russia
    76. Human Rights Alert - Inde
    77. Human Rights Association (İHD) – Turquie
    78. Human Rights Center (HRC) - Géorgie
    79. Human Rights Center (HRC) "Memorial" - Russie
    80. Human Rights House Foundation
    81. Human Rights in China (HRIC) – États-Unis d’Amérique
    82. Human Rights Monitoring Institute (HRMI) - Lituanie
    83. Human Rights Mouvement “Bir Duino-Kyrgyzstan” - Kirghizistan
    84. Human Rights Organization of Nepal - Népal
    85. Humanist Union of Greece (HUG) - Grèce
    86. Hungarian Helsinki Committee - Hongrie
    87. IDP Women Association "Consent" - Géorgie
    88. Independent Medico-Legal Unit (IMLU) - Kenya
    89. Instituto de Estudios Legales y Sociales del Uruguay (IELSUR) - Uruguay
    90. International Commission of Jurists (ICJ) - Kenyan Section - Kenya
    91. International Federation for Human Rights (FIDH) - France
    92. International Legal Initiative - Kazakhstan
    93. International Partnership for Human Rights (IPHR) - Belgique
    94. International Service for Human Rights (ISHR) - Suisse
    95. Jammu Kashmir Coalition of Civil Society - Inde
    96. JANANEETHI - Inde
    97. Justice for Iran (JFI) – Royaume-Uni
    98. Justícia i Pau - Espagne
    99. Kazakhstan International Bureau for Human Rights and the Rule of Law - Kazakhstan
    100. Kharkiv Regional Foundation "Public Alternative" - Ukraine
    101. La Strada International - The Netherlands
    102. La Voix des Sans Voix pour les Droits de l'Homme (VSV) – République démocratique du Congo
    103. Latvian Human Rights Committee (LHRC) - Lettonie
    104. Lawyer's Committee for Human Rights YUCOM - Serbie
    105. League for the Defence of Human Rights in Iran (LDDHI) - Iran
    106. Legal Policy Research Centre (LPRC) - Kazakhstan
    107. Libereco Partnership of Human Rights - Allemagne/ Suisse
    108. LICADHO - Cambodge
    109. Lifespark - Suisse
    110. Liga Portuguesa dos Direitos Humanos - Civitas (LPDHC) - Portugal
    111. Liga voor de Rechten van de Mens (LvRM) (Dutch League for Human Rights) – Pays-Bas
    112. Ligue des droits de l'Homme (LDH) - France
    113. Ligue Tchadienne des droits de l'Homme - Tchad
    114. Maldivian Democracy Network (MDN) - Maldives
    115. Martin Ennals Foundation - Suisse
    116. Minority Rights Group - Grèce
    117. Mouvance des Abolitionnistes du Congo Brazzaville - Congo Brazzaville
    118. Mouvement Ivoirien des Droits Humains (MIDH) - Côte d'Ivoire
    119. Mouvement Lao pour les Droits de l'Homme - Laos
    120. Movimento Nacional de Direitos Humanos (MNDH) - Brésil
    121. Netherlands Helsinki Committee – Pays-Bas
    122. Norwegian Helsinki Committee - Norvège
    123. Observatoire du système pénal et des droits humains (OSPDH) - Espagne
    124. Observatoire Marocain des prisons - Maroc
    125. Odhikar - Bangladesh
    126. OPEN ASIA|Armanshahr - France
    127. Organisation contre la torture en Tunisie (OCTT) - Tunisie
    128. Organisation Guineenne de Defense des Droits de l'Homme et du Citoyen (OGDH) - Guinée
    129. Österreichische Liga für Menschenrechte ÖLFMR - Autriche
    130. Palestinian Center for Human Rights (PCHR) - Palestine
    131. Pax Christi Uvira - République démocratique du Congo
    132. People's Watch Indie
    133. Programa Venezolano de Educación-Acción en Derechos Humanos (Provea) - Venezuela
    134. Promo LEX Association – République de Moldavie
    135. Protection International (PI)
    136. Public Association "Dignity" - Kazakhstan
    137. Public Association Spravedlivost Human Rights Organization - Kirghizistan
    138. Public Verdict Foundation - Russie
    139. Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l'Homme RADDHO - Sénégal
    140. Repecap Academics - Espagne
    141. Réseau des Defenseurs des Droits Humains en Afrique Centrale (REDHAC) - Cameroun
    142. Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) - Haïti
    143. Rights Realization Centre – Royaume-Uni
    144. Rural People's Sangam - Inde
    145. Salam for Democracy and Human Rights – Royaume-Uni, Liban, Bahreïn
    146. Social-Strategic Researches and Analytical Investigations Public Union (SSRAIPU) – Azerbaïdjan
    147. SOHRAM-CASRA - Centre Action Sociale Réhabilitation et Réadaptation pour les Victimes de la Torture, de la guerre et de la violence - Turquie
    148. SOS-Torture/Burundi - Burundi
    149. SUARAM - Malaisie
    150. Syndicat national des agents de la formation et de l'education du Niger (SYNAFEN NIGER) - Niger
    151. Task Force Detainees of the Philippines (TFDP) - Philippines
    152. Thai Action Committee for Democaracy in Burma (TACDB) – Thaïlande
    153. The Advocates for Human Rights – États-Unis d’Amérique
    154. The Barys Zvozskau Belarusian Human Rights House (BHRH) - Lituanie
    155. The Commission for the Disappeared and Victims of Violence (KontraS) - Indonesie
    156. The International Rehabilitation Council for Torture Victims (IRCT)
    157. Urgent Action Fund for Women's Human Rights – États-Unis d’Amérique
    158. Vietnam Committee on Human Rights (VCHR) - France
    159. World Coalition Against the Death Penalty (WCADP) - France
    160. World Organization Against Torture (OMCT) - Suisse
    161. Xumek asociación para la promoción y protección de los derechos humanos - Argentine

     L'espace civique en Biélorussie est considéré comme Réprimé par le CIVICUS Monitor

  • Madagascar : Abandonnez toutes les accusations contre le défenseur de l’environnement Jeannot Randriamanana

    Avant les prochaines audiences en appel de l’affaire du défenseur des droits humains écologiste malgache Jeannot Randriamanana, prévues pour le 14 juin 2022, l’alliance mondiale de la société civile CIVICUS demande aux autorités d’abandonner toutes les accusations portées contre lui et de cesser de persécuter les défenseurs des droits humains.

  • RDC : CIVICUS demande la libération immédiate des journalistes Patrick Lola et Christian Bofaya

    CIVICUS demande aux autorités de la République démocratique du Congo (RDC) de libérer immédiatement les journalistes et militants Patrick Lola et Christian Bofaya, arrêtés pour avoir fait leur métier. Patrick et Christian sont arbitrairement détenus sans avoir été inculpés depuis cinq mois à la prison centrale de Mbandaka, chef-lieu de la province de l’Équateur. 

  • Tchad: respectez le droit de manifester et libérez les militants en détention

    Le recours à la violence pour disperser les récentes manifestations au Tchad ainsi que les arrestations et détentions de membres de la société civile et de l’opposition politique montrent que la junte militaire cherche continuellement à entraver les libertés civiles et à faire taire toute critique à l’encontre de ses agissements.

  • Zoom sur la suspension du droit d’exercer de journalistes au Cameroun : appel à l’annulation de cette décision

    CIVICUS condamne la décision du Conseil national de la communication du Cameroun de suspendre pour un mois les journalistes Séverin Tchounkeu (PDG) et Cédrick Noufele (rédacteur en chef et présentateur), qui travaillent pour la chaîne de télévision privée Équinoxe TV.

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