COP26 : « Nous attendons des obligations plus strictes en vertu du principe de responsabilité commune et différenciée »

Charles WanguhuÀ la veille de la 26ème Conférence des parties des Nations unies sur le changement climatique (COP26), qui se tiendra à Glasgow, au Royaume-Uni, du 31 octobre au 12 novembre 2021, CIVICUS a interrogé des militants, des dirigeants et des experts de la société civile sur les défis environnementaux auxquels ils sont confrontés dans leur contexte, les actions qu’ils entreprennent pour y faire face et leurs attentes pour le sommet à venir.

CIVICUS s’entretient avec Charles Wanguhu, activiste social et coordinateur de la Plateforme de la société civile pour le pétrole et le gaz kényans, un forum où les organisations de la société civile (OSC) participantes partagent des informations, planifient et élaborent ensemble des stratégies pour un plaidoyer commun, s’engagent auprès des agences gouvernementales, des entreprises et des médias, et informent et sensibilisent le public.

Quel est le problème environnemental de votre pays sur lequel vous travaillez ?

La Plateforme de la société civile pour le pétrole et le gaz kényans est une organisation à but non lucratif qui œuvre pour la durabilité du secteur pétrolier et gazier au Kenya, et pour des transitions énergétiques justes. Avec la découverte de pétrole dans le comté de Turkana au Kenya, notre travail s’est orienté vers le plaidoyer en faveur de cadres politiques et juridiques garantissant la justice environnementale et la prise en compte du climat dans l’exploitation pétrolière. Nous effectuons ce travail en examinant les politiques et les réglementations et en renforçant les capacités afin que les communautés locales puissent participer efficacement aux processus d’évaluation de l’impact environnemental et social (ESIA) pour sauvegarder leur environnement.

Nous sommes également directement impliqués dans l’examen des ESIA, en plaidant toujours pour l’inclusion des considérations relatives au changement climatique et à la protection de l’environnement au niveau du projet. Par exemple, alors que le projet pétrolier de Turkana se dirigeait vers la phase de production, nous avons participé aux forums de consultation des parties prenantes du projet, où nous avons soulevé la nécessité que l’ESIA du projet intègre des évaluations de l’impact sur le changement climatique. Nous avons également plaidé pour la transparence du secteur par la divulgation des accords et des licences pétrolières, afin que les citoyens puissent comprendre les obligations des compagnies pétrolières en matière d’environnement et de changement climatique, ce qui entraînera une plus grande responsabilité de la part de l’État et de ces compagnies.

Avez-vous été confronté à des réactions négatives face au travail que vous faites ?

Le rétrécissement de l’espace civique reste un défi dans l’environnement dans lequel nous travaillons. Les groupes de la société civile sont confrontés à des réactions négatives de la part du gouvernement lorsqu’ils abordent les questions d’actualité. Les restrictions prennent souvent la forme d’un refus d’autorisation d’organiser des manifestations ou des réunions liées à des projets qui les intéressent. Dans certains cas, des organismes gouvernementaux tels que le Conseil de coordination des organisations non gouvernementales et l’Autorité fiscale du Kenya ont été utilisés pour cibler les OSC.

Nous sommes également confrontés à des restrictions de la part des entreprises, telles que l’exclusion délibérée des OSC des événements de participation publique. Ceux de nos membres qui ont soulevé des préoccupations ou se sont exprimés sur des questions liées à l’extraction des ressources pétrolières et gazières ont constaté qu’ils ne sont plus invités à participer ou autorisés à faire des commentaires lors des audiences publiques.

Quel lien entretenez-vous avec le mouvement international pour le climat ?

Nous développons un programme panafricain pour une transition juste qui impliquera une collaboration avec d’autres groupes régionaux et internationaux, afin de garantir que la transition énergétique mondiale soit juste pour l’Afrique et reflète les impacts de la crise climatique sur le continent.

Quels sont vos espoirs pour la COP26, et dans quelle mesure pensez-vous que ces processus internationaux soient utiles ?

L’inclusion des considérations relatives au changement climatique au niveau des projets a déjà un fondement juridique au Kenya grâce à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, à l’Accord de Paris et à la loi sur le changement climatique adoptée au Kenya en 2016. Le retard dans la mise en œuvre de la loi a été un défi, mais nous avons connaissance de plusieurs projets de réglementation qui sont en cours d’examen pour une éventuelle promulgation.

En ce qui concerne la transition énergétique équitable, nous attendons l’imposition d’obligations plus fortes, conformes au principe de responsabilité commune mais différenciée, qui reconnaît que les différents pays ont des responsabilités et des capacités différentes pour faire face aux problèmes transfrontaliers tels que le changement climatique. Cela permettrait de s’assurer que l’Afrique n’est pas laissée pour compte dans la transition ou, pire, que la transition ne se fait pas à ses dépens.

Les processus internationaux ont été utiles dans la mesure où ils ont en partie facilité l’intégration dans le droit national de cadres juridiques et politiques sur le changement climatique, mais nous attendons certainement plus d’engagement de la part des États.

Quel changement souhaiteriez-vous voir se produire pour contribuer à résoudre la crise climatique ?

Nous aimerions voir une mise en œuvre accélérée des cadres et obligations juridiques en matière de changement climatique, tant au niveau local qu’international. En outre, nous aimerions que les pays développés du Nord s’engagent à respecter leurs promesses de financement du climat faites dans le cadre de l’Accord de Paris. Cela contribuera grandement à financer des transitions énergétiques justes en Afrique.

L’espace civique au Kenya est classé « obstrué » par le CIVICUS Monitor.
Contactez la Plateforme de la société civile pour le pétrole et le gaz kényans via son site web et suivez @KCSPOG et @CharlesWanguhu sur Twitter.

COMMUNIQUEZ AVEC NOUS

Canaux numériques

Siège social
25  Owl Street, 6th Floor
Johannesbourg,
Afrique du Sud,
2092
Tél: +27 (0)11 833 5959
Fax: +27 (0)11 833 7997

Bureau pour l’onu: New-York
CIVICUS, c/o We Work
450 Lexington Ave
New-York
NY 10017
Etats-Unis

Bureau pour l’onu : Geneve
11 Avenue de la Paix
Genève
Suisse
CH-1202
Tél: +41.79.910.34.28