Alors que la COP 28 s’ouvre dans un mois à Dubaï, 346 organisations de la société civile demandent aux autorités émiraties, aux Nations Unies et aux États parties de faire en sorte que la COP n’exclue personne et de libérer les défenseurs des droits humains emprisonnés aux Émirats arabes unis (É.A.U). Dans une lettre ouverte, les organisateurs de la COP ont été exhortés à placer les citoyens, notamment les communautés marginalisées, au cœur de la Conférence des Parties à l’occasion de la COP 28, qui réunira plus de 70 000 personnes et se tiendra du 30 novembre au 12 décembre 2023.
« La justice climatique et le respect des droits humains sont étroitement liés, a déclaré Paul Belisario du Mouvement international des peuples autochtones pour l’autodétermination et la libération (IPMSDL). Une COP 28 inclusive et fructueuse n’est pas possible sans la pleine reconnaissance des droits de tous les participants, y compris de ceux qui défendent ces droits aux É.A.U. ».
Les É.A.U. restent l’un des pays les plus restrictifs pour la société civile et les défenseurs des droits humains et ne devraient pas profiter de la COP 28 pour dissimuler leur bilan en matière de droits humains. Les autorités émiraties continuent d’appliquer des lois restrictives, notamment la loi sur la lutte contre les technologies de l’information, afin d’ériger en infraction la liberté d'expression et d’opinion et de cibler les défenseurs des droits humains, les journalistes et les dissidents.
Dans cette lettre, les signataires expriment leur inquiétude quant à la détention de défenseurs et de militants des droits humains aux É.A.U., souvent incarcérés au-delà de leur peine. Parmi les défenseurs des droits humains emprisonnés aux É.A.U. figure Ahmed Mansoor, qui purge actuellement une peine de dix ans. Depuis son arrestation en mars 2017, il est détenu dans des conditions contraires aux normes internationales fondamentales en matière de droits humains, et a notamment été mis à l’isolement.
Plus de 60 prisonniers d’opinion sont actuellement détenus alors qu’ils ont déjà purgé leur peine. La plupart d’entre eux font partie d’un groupe de prisonniers connus sous le nom d’« UAE-94 », qui ont été arrêtés en 2012 en raison de leurs actions militantes et condamnés à des peines de 7 à 15 ans de prison à l’issue de procès manifestement inéquitables. Parmi ces prisonniers, citons notamment l’avocat spécialisé en droits humains Mohammed Al-Roken et l’expert juridique Hadef Al-Owais.
« Il est encore temps pour les États parties et l’ONU de travailler avec les autorités émiraties pour libérer tous les défenseurs des droits humains détenus aux É.A.U., a déclaré David Kode, responsable du plaidoyer et des campagnes chez CIVICUS. Organiser un événement comme la COP dans un lieu où des défenseurs pacifiques des droits humains sont détenus va à l’encontre de l’objectif même de l’événement ».
La lettre demande aux organisateurs de la COP 28 d’établir un précédent en veillant à ce que les États accueillant des événements internationaux lèvent les restrictions sur les droits humains, libèrent tous les défenseurs des droits humains et les prisonniers d’opinion et garantissent une participation égale et sans exclusion.