Selon un nouveau rapport, des manifestants ont été arrêtés dans plus de 90 pays au cours de l’année écoulée
- Manifestations dans plus de 130 pays ;
- Des restrictions imposées aux manifestations aussi bien dans les régimes autoritaires que dans les démocraties bien établies ;
- L’inflation, les restrictions liées aux pandémies et la corruption ont été les principaux moteurs des manifestations.
De l’Iran à l’Italie, le peuple est descendu dans la rue pour réclamer des changements politiques et sociaux. Les manifestants et les militants sont confrontés à une série de restrictions, comme le montre une nouvelle évaluation mondiale de CIVICUS Monitor, une plateforme de recherche en ligne qui suit l’état des libertés fondamentales dans 197 pays et territoires. L’évaluation mondiale des droits en matière de manifestation pour l’année 2022 montre que plus de 75 % des pays dans lesquels des manifestations ont été enregistrées ont connu des violations des droits en matière de manifestation, qui sont garantis par le droit international.
Les données du CIVICUS Monitor montrent que la liberté de se rassembler pacifiquement a été restreinte dans au moins 100 pays entre octobre 2021 et septembre 2022. Les recherches établissent une chronologie des violations les plus courantes qui ont lieu avant, pendant et après les manifestations. Dans de nombreux pays, des lois restrictives ou des décrets d’urgence ont été adoptés afin de rendre plus difficile la participation des personnes aux manifestations, par exemple en exigeant des autorisations et en imposant le paiement de frais. Les autorités ont également émis des interdictions directes pour empêcher les manifestations, invoquant souvent des motifs tels que le trouble à l’ordre public, des préoccupations en matière de sécurité ou de santé publique.
L’emprisonnement de manifestants est la violation la plus courante. L’année dernière, des personnes ayant exercé leurs libertés fondamentales ont été incarcérées dans au moins 92 pays. La durée de la détention peut varier de quelques heures à une durée indéterminée. Des manifestants pacifiques contre la guerre en Ukraine, des personnes solidaires pour les droits des femmes en Iran et des militants au Sri Lanka qui demandaient un changement de gouvernement ont tous été emprisonnés pour de longues périodes.
L’usage excessif de la force a également caractérisé la plupart des manifestations qui ont eu lieu cette année. Dans plus de 40 % des pays où des manifestations ont été enregistrées, les manifestants ont été attaqués avec des canons à eau, des matraques, des gaz lacrymogènes et d’autres moyens brutaux. Les violences de la police se sont surtout produites lors des manifestations en Amérique du Nord et du Sud et dans la région Asie-Pacifique.
Le fait que des manifestants aient été assassinés dans au moins 24 pays au mépris des lois est ce qui a de plus inquiétant. Des manifestants sont morts au cours des manifestations partout dans le monde, du Myanmar aux États-Unis. Dans trop peu de ces pays, les autorités ont mené des enquêtes indépendantes et demandé des comptes aux auteurs de ces actes.
« Dans la plupart des régions, le bilan en matière de respect du droit de manifester est sombre cette année. À une époque où les droits civils sont plus que jamais nécessaires pour demander des comptes aux gouvernements, l’espace de protestation est fortement réduit. Nous avons besoin de gouvernements qui respectent le droit de réunion pacifique, qui enquêtent sur les abus des forces de sécurité et qui travaillent en étroite collaboration avec la société civile afin d’enrayer cette spirale descendante et de lutter contre les régimes autoritaires » affirme Julieta Zurbrigg, conseillère en recherche au CIVICUS Monitor.
À PROPOS DU CIVICUS MONITOR
Plus de vingt organisations travaillent de concert pour alimenter le CIVICUS Monitor, une plateforme en ligne qui suit les restrictions des libertés civiles dans le monde. La coalition de recherche recense au total 33 restrictions liées à la liberté d’association, à la liberté d’expression et à la liberté de réunion pacifique. Ces données servent également de base au classement des pays dans les catégories « fermé », « réprimé », « obstrué », « restreint » ou « ouvert ».