changement climatique
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CAMEROUN : « Il faut que les communautés bénéficient de ce qui provient de leurs terres »
CIVICUS échange sur les aspirations et les rôles de la société civile dans le prochain sommet sur le climat COP28 avec Estelle Ewoule Lobé, cofondatrice de l’organisation de la société civile (OSC) camérounaise l’Action pour la protection en Afrique des déplacés internes et des migrants environnementaux (APADIME).
Quelles sont les questions environnementales sur lesquelles vous travaillez ?
Notre organisation, APADIME, travaille sur plusieurs questions interconnectées de droits humains et l’environnement. On travaille dans la protection des droits des peuples autochtones et des communautés locales, en mettant l’accent sur les femmes autochtones et les déplacés environnementaux. Nous contribuons à la lutte contre les crimes environnementaux transnationaux tels que l’exploitation illégale des ressources forestières et le trafic illicite d’espèces protégées. Nous travaillons à renforcer la résilience des peuples autochtones et des communautés locales et à sensibiliser l’opinion publique à la protection des forêts. Enfin, on met en œuvre des activités génératrices de revenus pour les peuples autochtones et les communautés locales.
Quand on travaille sur le crime organisé, on ne laisse pas de côté la défense des droits fondamentaux des personnes. Notre zone de travail se situe dans le Bassin du Congo, avec un ancrage sur le Cameroun. L’Afrique centrale abrite une des plus vastes forêts tropicales humides du monde. Elle regorge d’énormes ressources dont dépendent des millions d’individus pour leur subsistance, notamment des peuples autochtones et des communautés locales. Cette forêt offre également un habitat à d’innombrables espèces animales, et est d’une importance cruciale pour le climat planétaire.
Malgré tout le dispositif juridique qui vise la protection des forêts au Cameroun, l’on constate que l’exploitation des forêts, qui se fait souvent en partenariat avec des entreprises privées, donne lieu à de nombreuses dérives entrainant de graves violations des droits humains alimentés par des réseaux criminels bien organisés, et conduit généralement à la spoliation des terres de ces peuples et communautés. C’est à ce niveau que le travail de l’association intervient.
Nous avons d’abord un volet recherche qui vise, d’une part, à faire des recherches sur le cadre juridique et institutionnel afin d’appuyer nos actions de plaidoyer au niveau national et international, et d’autre part, à faire des études et publier des articles et des livres, le dernier étant A la recherche d’un statut pour les déplacés environnementaux.
Ensuite nous avons un volet terrain où nous descendons dans les communautés pour les rencontrer, organiser des réunions de concertation, organiser des focus groups, des enquêtes et des observations afin de collecter des données sur les difficultés qu’elles rencontrent et leurs besoins.
Le troisième volet de l’association est celui lié à l’éducation, où nous renforçons la résilience des peuples autochtones et des communautés locales sur la base de leurs droits intrinsèques, les droits procéduraux, la gestion durable des sols, la préservation des espèces protégées et la législation forestière en vigueur. Nous organisons aussi des campagnes de sensibilisation pour l’éducation des communautés.
Le quatrième volet est l’accès aux droits. Nous organisons les communautés en mettant en place des réseaux d’acteurs institutionnels et locaux afin de faciliter cet accès pour ces communautés donc les droits humains et fonciers sont constamment violés.
Le dernier volet concerne le relèvement économique par la mise en œuvre des activités génératrices de revenus dans certaines communautés à travers notamment des champs communautaires.
Avez-vous fait l’objet de restrictions ou de représailles en raison de votre travail ?
Nous sommes des défenseurs des droits humains travaillant dans un environnement toujours pas souvent réceptif au type de travail que l’on fait. Nous sommes confrontés à des intérêts puissants tels que ceux des sociétés forestières qui exploitent souvent abusivement les forêts. Notre présence fait souvent tâche et nous sommes sujets à des menaces qui nous contraignent à limiter généralement notre champ d’action pour éviter que la situation ne dégénère et devienne trop risquée.
Au niveau administratif, le principal obstacle est l’absence de réactions positives ou de collaboration venant des responsables administratifs. Certains responsables rencontrés refusent d’être parties prenantes à nos projets, se contentant de la seule séance de discussion générale avec nous. D’autres refusent de rendre public les contacts de leurs membres.
Quels types de liens entretenez-vous avec le mouvement climatique mondial ?
L’APADIME collabore avec plusieurs organisations internationales de renom dans le monde notamment le Centre international de droit comparé de l’environnement, une OSC internationale à caractère scientifique basée en France, qui travaille sur la protection de l’environnement à travers la promotion des instruments juridiques internationaux. On travaille aussi avec l’Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée (GI-TOC).
Avec le support et l’accompagnement de la GI-TOC, nous sommes actuellement engagés avec un réseau d’acteurs en République du Congo et au Gabon, dans le but de lutter contre le crime organisé environnemental dans le Bassin du Congo et protéger les droits des peuples autochtones pour parvenir à une justice climatique centrée sur les droits humains.
Nous sommes impliqués avec des acteurs internationaux dans la construction du Sommet des Peuples pour la justice sociale et environnementale, contre la marchandisation de la vie et de la nature, et pour la défense des biens communs. Notre association participe aussi activement comme orateur et observateur à des grandes rencontres internationales donc la plus récente est la 11ème Conférence des Parties à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée (UNTOC), qui s’est tenue à Vienne en octobre 2022, et à l’issue de laquelle a été produite un appel à l’action de la société civile.
Quelles questions prioritaires devraient être abordées lors de la COP28 ?
Les enjeux prioritaires de la COP28 sont les mêmes que ceux que nous défendons depuis longtemps : l’appui aux peuples autochtones et aux communautés locales pour garantir la protection de leurs droits, notamment à travers le financement des activités de conservation et des activités génératrices de revenus pour relever leur niveau de vie, et le partage équitables des avantages de la nature tel que définis par le Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal, qui reconnaît qu’en plus du besoin urgent d’utiliser durablement la nature, il faut que les communautés bénéficient de ce qui provient de leurs terres.
Il s’agit en particulier d’examiner comment les communautés marginalisées, y compris les peuples autochtones, peuvent bénéficier des produits thérapeutiques et cosmétiques souvent lucratifs dérivés des ressources de leurs terres.
Pensez-vous que la COP28 offrira suffisamment d’espace à la société civile ? Quelles sont vos attentes quant à ses résultats ?
La participation de la société civile aux négociations sur le climat est extrêmement importante car nous sommes des participants actifs et lorsque nous sommes en mesure d’influencer les négociations, nous sommes un facteur clé de progrès en matière de développement durable. Nos actions sont complémentaires au dialogue politique, d’où la nécessité voire même l’obligation de participer à ces négociations.
Comme d’habitude, la COP28 sera officiellement bien ouverte à la société civile en tant que participants et observateurs, mais les difficultés d’accès résideront dans le financement pour se rendre et séjourner aux Émirats arabes unis, où se tiendra cet événement mondial.
Mais nous espérons que malgré toutes ces difficultés, des progrès seront réalisés sur les questions qui sont au cœur de notre travail, à savoir le financement direct des communautés pour garantir des actions d’adaptation et renforcer leur résilience.
L’espace civique au Cameroun est classé « réprimé » par leCIVICUS Monitor.
Contactez l’APADIME sur sa pageFacebook et suivez@EwouleE sur Twitter.
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COP26 : « De fausses solutions sont utilisées pour détourner notre attention des responsables »
À la veille de la 26ème Conférence des parties des Nations unies sur le changement climatique (COP26), qui se tiendra à Glasgow, au Royaume-Uni, du 31 octobre au 12 novembre 2021, CIVICUS a interrogé des militants, des dirigeants et des experts de la société civile sur les défis environnementaux auxquels ils sont confrontés dans leur contexte, les actions qu’ils entreprennent pour y faire face et leurs attentes pour le sommet à venir.
CIVICUS s’entretient avec Lia Mai Torres, directrice exécutive du Center for Environmental Concerns (CEC) - Philippines, une organisation de la société civile (OSC) qui aide les communautés philippines à relever les défis environnementaux. Fondée en 1989 à l’initiative d’organisations représentant les pêcheurs, les agriculteurs, les peuples autochtones, les femmes, les personnes en situation de pauvreté urbaine et les secteurs professionnels, le CEC s’engage dans la recherche environnementale, l’éducation, le plaidoyer et les campagnes. Elle est également membre du secrétariat du Réseau Asie-Pacifique des défenseurs de l’environnement (APNED), une coalition d’organisations travaillant de manière solidaire pour protéger l’environnement et ses défenseurs.
Quel est le principal problème climatique dans votre pays ?
Le principal problème environnemental auquel les Philippines sont confrontées aujourd’hui est la prolifération de projets et de programmes destructeurs de l’environnement. Cette situation a persisté et s’est même aggravée pendant la pandémie.
Le gouvernement actuel a récemment levé un moratoire sur l’exploitation minière, arguant que cela aiderait l’économie à se redresser après avoir été durement touchée par la mauvaise réponse à la pandémie. Cela permettra de réaliser une centaine d’opérations minières dans différentes régions du pays. De nombreuses communautés se sont opposées à cette démarche en raison des impacts négatifs des projets miniers déjà en cours. Un exemple est le village de Didipio, Nueva Vizcaya, dans le nord des Philippines, où un accord minier avec la société australo-canadienne OceanaGold a été renouvelé pour 25 années supplémentaires. Les communautés autochtones de Bugkalot et Tuwali souffrent déjà du manque d’approvisionnement en eau dû à l’activité minière et craignent que cette situation ne s’aggrave si l’activité minière se poursuit.
Les projets d’infrastructure sont également une priorité pour le gouvernement, qui affirme qu’ils contribueront à améliorer l’état de l’économie. Cependant, il existe des projets financés par des prêts étrangers coûteux qui ne feront qu’aggraver la situation de la population locale. Un exemple est le barrage de Kaliwa, financé par la Chine, dans la province de Rizal, dans le sud de l’île de Luzon. Le réservoir empiètera sur les territoires ancestraux du peuple autochtone Dumagat, y compris sur leurs sites sacrés, ainsi que sur une zone protégée.
Un autre exemple est celui des plantations en monoculture que l’on retrouve principalement dans les provinces de Mindanao. Les terres ancestrales des peuples autochtones Lumad ont été converties en plantations de bananes et d’ananas. Certains résidents font état de maladies causées par les produits chimiques de synthèse utilisés dans les plantations, et beaucoup sont déplacés de leurs terres agricoles.
Ce sont là quelques exemples de projets prioritaires promus par le gouvernement pour nous conduire à ce que l’on appelle le développement. Cependant, il est clair qu’ils n’améliorent pas vraiment la situation des communautés locales, dont la plupart sont déjà en situation de pauvreté. En outre, la plupart des ressources naturelles du pays ne sont pas exploitées au profit de ses citoyens, les produits extraits étant destinés à l’exportation. Quelques entreprises locales et internationales en bénéficient. Les ressources naturelles sont utilisées pour le profit et non pour le développement national.
Avez-vous été confrontée à des réactions négatives pour le travail que vous faites ?
Le CEC travaille avec les communautés locales, car nous croyons que les luttes environnementales ne peuvent être gagnées sans les efforts conjoints de ceux qui subissent les impacts environnementaux. Le vrai pouvoir provient des organisations de base. Les OSC comme la nôtre et d’autres secteurs doivent soutenir leurs efforts, en reliant les luttes locales pour construire un mouvement environnemental national et international fort.
En raison de notre soutien aux communautés locales, nous avons subi des représailles. En 2007, Lafayette Mining Ltd, une société minière australienne, a intenté un procès en diffamation contre le directeur exécutif du CEC de l’époque parce qu’il avait dénoncé les impacts des activités de la société. En 2019 et 2021, notre organisation a été victime d’une pratique courante par laquelle le gouvernement déclare des individus et des organisations comme étant terroristes ou communistes. Il l’a fait en représailles aux missions humanitaires que nous avons menées à la suite d’un typhon et pendant la pandémie.
Nous avons également été menacés d’une descente de police dans nos bureaux, en représailles au fait que nous avions offert un refuge aux enfants autochtones Lumad qui avaient été contraints de quitter leurs communautés en raison de la militarisation, des menaces et du harcèlement. Nos actions de protestation pacifiques sont souvent violemment dispersées par la police et les forces de sécurité privées, et en 2019, un membre du personnel de notre organisation a été arrêté.
Derrière toutes ces attaques se cachent les forces de sécurité de l’État ainsi que les forces de sécurité privées des entreprises. La police et l’armée sont clairement devenues des forces de sécurité des entreprises, utilisant des mesures répressives pour assurer le bon déroulement de leurs opérations.
Quel lien entretenez-vous avec le mouvement international pour le climat ?
Étant donné que de nombreux pays, notamment dans le sud du monde, connaissent des problèmes environnementaux similaires, nous reconnaissons la nécessité d’établir des liens avec des organisations d’autres pays. En 2015, le CEC a fait partie des organisateurs de la Conférence internationale des peuples sur l’exploitation minière, qui a offert aux défenseurs de l’environnement la possibilité d’apprendre de leurs expériences respectives et de coordonner des campagnes locales.
Le CEC a également contribué à la création de l’APNED, un réseau de campagnes de solidarité qui fournit un soutien mutuel pour les campagnes, soulève des questions au niveau international, plaide pour une plus grande protection des défenseurs, organise des formations et facilite les services. Nous pensons que la solidarité entre défenseurs est importante pour aider à renforcer les mouvements locaux ainsi que la lutte internationale pour nos droits environnementaux.
Quels sont vos espoirs que la COP26 débouche sur des progrès, et quelle utilité voyez-vous à de tels processus internationaux ?
Même avant la pandémie, l’inclusion des défenseurs de l’environnement de la base ou de première ligne dans les processus internationaux tels que les négociations sur le climat suscitait des inquiétudes. Le manque d’inclusion est devenu plus évident avec la pandémie, car de nombreuses OSC ont trouvé difficile d’y participer en raison des exigences et des dépenses supplémentaires. En outre, seules les organisations accréditées peuvent participer aux événements officiels, et très peu sont accréditées. Et les rapports gouvernementaux sont souvent très éloignés de la réalité. L’aggravation de la crise climatique est la preuve que les gouvernements n’en font pas assez.
Malgré cela, nous continuerons à participer aux événements officiels et parallèles de la COP26, dans le but d’attirer l’attention sur la manière dont de nombreux pays développés et les grandes entreprises aggravent la crise climatique en s’emparant des ressources et en exploitant les ressources naturelles des pays pauvres, exacerbant ainsi la pauvreté existante, et sur la manière dont de fausses solutions sont utilisées pour détourner notre attention de leur responsabilité et de leur manque de responsabilisation. Nous souhaitons également souligner l’importance des défenseurs de l’environnement dans la protection de notre environnement et la défense de nos droits environnementaux, et donc la nécessité de veiller à ce qu’ils ne subissent pas de nouvelles violations de leurs droits humains pour des raisons politiques qui les empêchent de mener à bien leur important travail.
Quels changements souhaiteriez-vous voir se produire pour commencer à résoudre la crise climatique ?
Nous espérons que le cadre capitaliste axé sur le profit changera aux Philippines. Cela permettrait de s’assurer que les conflits liés aux ressources sont réglés, que la protection de l’environnement est maintenue pour assurer l’équilibre écologique, que de véritables programmes d’adaptation au changement climatique sont mis en place et que les groupes vulnérables reçoivent l’attention dont ils ont besoin. Il s’agit également de demander des comptes aux pays et aux entreprises qui aggravent la crise climatique, et d’aider les pays pauvres à s’adapter.
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Contactez le Center for Environmental Concerns - Philippines via sonsite web ou sa pageFacebook, et suivez@CEC_Phils sur Twitter. -
COP26 : « Face à la pression de la base, nous devons répondre par une action climatique équitable »
À la veille de la 26ème Conférence des Parties des Nations Unies sur le changement climatique (COP26), qui se tiendra à Glasgow, au Royaume-Uni, du 31 octobre au 12 novembre 2021, CIVICUS a interrogé des militants, des dirigeants et des experts de la société civile sur les défis environnementaux auxquels ils sont confrontés dans leur contexte, les actions qu’ils entreprennent pour y faire face et leurs attentes pour le sommet à venir.
CIVICUS s’entretient avec Caroline Owashaba, chef d’équipe d’Action for Youth Development Uganda et coordinatrice bénévole de l’Alliance Girls Not Brides en Ouganda.
Quel est le problème environnemental de votre pays sur lequel vous travaillez ?
Un problème majeur en Ouganda est l’utilisation de grandes quantités de sacs en plastique à usage unique, qui ont des effets extrêmement néfastes sur l’environnement. Les sacs en plastique mettent de nombreuses années à se décomposer ; ils libèrent des substances toxiques dans le sol et, lorsqu’ils sont brûlés, dans l’air ; ils bouchent les canalisations et peuvent provoquer des inondations ; et ils tuent les animaux qui les mangent, en les prenant pour de la nourriture ou en s’y empêtrant.
Une mesure visant à interdire la fabrication, la vente et l’utilisation des sacs en plastique a été adoptée en 2018, mais les fabricants ont exercé un lobbying intense pour obtenir un délai supplémentaire avant l’entrée en vigueur de l’interdiction, si bien que la mise en œuvre a été lente et largement inefficace. Ainsi, début 2021, le gouvernement a décidé de mettre en œuvre de nouvelles mesures allant dans le même sens, ainsi qu’un ensemble plus large de mesures environnementales.
Alors que le gouvernement s’efforce de faire respecter l’interdiction des sacs en plastique à usage unique, nous travaillons sur une initiative visant à produire des matériaux alternatifs, écologiques et biodégradables. Il est urgent de le faire, car à l’heure actuelle, si l’interdiction des sacs en plastique était réellement appliquée, l’offre d’emballages biodégradables ne serait pas du tout suffisante.
Action for Youth Development Uganda (ACOYDE) développe un projet appelé CHACHA (Children for Alternative Change), qui utilise la fibre de banane pour fabriquer une variété d’articles utiles tels que des napperons et des sets de table, des oreillers, des articles de décoration intérieure et, bien sûr, des sacs. Les déchets générés par l’extraction de la fibre de banane et la fabrication de ces articles sont recyclés pour produire des briquettes de charbon de bois de haute qualité que les jeunes et les femmes participant au projet utilisent comme source de chaleur à la fois chez eux et sur leur lieu de travail, réduisant ainsi la consommation de carburant tout en augmentant le revenu de leur foyer.
Toute la communauté participe au processus de production, car elle fournit les tiges de bananes. Et le projet permet aux jeunes, notamment aux jeunes femmes, de soutenir leur famille. Nous avons des possibilités d’expansion, car l’émergence des éco-hôtels a créé une plus grande demande de produits durables.
Quel lien entretenez-vous avec le mouvement international pour le climat ?
Nous avons établi des liens avec le mouvement international par le biais d’échanges régionaux sur le changement climatique, tels que la Semaine africaine du climat, et dans le cadre du Climate Smart Agriculture Youth Network (CSAYN). Nous suivons également les discussions du groupe des pays les moins avancés (PMA) sur l’adaptation, l’atténuation et le financement.
Cela a également fonctionné dans l’autre sens : ACOYDE a soutenu les efforts visant à intégrer au droit national le cadre climatique international et a fait pression en faveur du projet de loi national sur le changement climatique, qui a été adopté en avril 2021. Cette initiative a donné force de loi à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et à l’Accord de Paris, dont l’Ouganda est signataire. Ensuite, nous avons travaillé à faire appliquer la loi au niveau local. Il est essentiel que la législation soit effectivement mise en œuvre au niveau local, car elle nous aidera à surmonter les injustices du changement climatique dans nos communautés.
Nous nous connectons également au mouvement climatique plus large dans une perspective de genre. Je m’intéresse personnellement aux intersections entre le genre et le changement climatique. Lors des précédentes COP, j’ai pu contribuer au Plan d’action sur le genre (PAG), qui a orienté et influencé les questions de genre et de jeunesse dans les processus de négociation de la CCNUCC. J’ai participé à des discussions sur l’avancement du PAG en ce qui concerne l’équilibre entre les sexes, la cohérence, la mise en œuvre sensible au genre, le suivi et les rapports. J’ai également participé activement au groupe de travail national sur le genre de l’Ouganda et à d’autres processus nationaux sur le changement climatique afin d’assurer l’intégration au niveau national des normes et des financements mondiaux en matière de genre, conformément à l’Accord de Paris, notamment en rendant compte de la mise en œuvre des dispositions du PAG en Ouganda.
Quelles sont vos attentes pour la COP26 ?
La COP26 devrait offrir des espaces pour porter les questions de genre au niveau mondial et offrir plus de possibilités de discussion. Elle devrait accroître la participation des femmes, entreprendre l’intégration de la dimension de genre et assurer la mise en œuvre du PAG. Elle devrait contribuer à amplifier la voix des femmes dans les négociations sur le changement climatique. Les femmes font une grande partie du travail au niveau de la base, mais elles reçoivent très peu en retour, non seulement parce que très peu de revenus parviennent à leurs poches, mais aussi parce qu’elles restent sous-représentées et que leurs voix ne sont donc pas entendues.
Les forums internationaux tels que la COP26 doivent fournir des espaces pour la participation de la base et, en réponse à ces pressions de la base, doivent développer des interventions fortes pour une action climatique juste qui respecte les droits humains, y compris les droits des peuples autochtones et la promotion de l’égalité des sexes.
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COP26 : « Il y a encore un manque de conscience quant au fait que nous devons protéger le climat pour nous protéger nous-mêmes »
À la veille de la 26ème Conférence des parties des Nations unies sur le changement climatique (COP26), qui se tiendra à Glasgow, au Royaume-Uni, du 31 octobre au 12 novembre 2021, CIVICUS a interrogé des militants, des dirigeants et des experts de la société civile sur les défis environnementaux auxquels ils sont confrontés dans leur contexte, les actions qu’ils entreprennent pour y faire face et leurs attentes pour le sommet à venir.
CIVICUS s’entretient avec Sascha Müller-Kraenner, directeur exécutif d’Action Environnementale Allemagne(Deutsche Umwelthilfe), une organisation qui promeut des modes de vie durables et des systèmes économiques respectueux des limites écologiques. Depuis plus de 40 ans, elle milite pour la conservation de la diversité biologique et la protection du climat et des biens naturels.
Photo : Stefan Wieland
Quel est le principal problème climatique dans votre pays ?
L’Allemagne et l’Europe doivent éliminer progressivement les gaz fossiles si elles veulent avoir un espoir de maintenir le réchauffement climatique en dessous de 1,5°C. Les hommes politiques n’acceptent toujours pas cette réalité, et le débat public est obscurci par le lobby du gaz, qui mène une campagne mensongère pour présenter le gaz fossile comme propre, bon marché et respectueux de l’environnement. Mais prendre au sérieux la préservation du climat implique de transformer l’ensemble du système énergétique, et l’industrie du gaz fossile n’a pas sa place dans cette transformation. Nous devons cesser de la subventionner et de construire de nouvelles infrastructures pour la desservir.
Les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique doivent être massivement développées pour réduire la demande de gaz et générer une énergie propre. Dans le secteur du chauffage, nous devons interdire la vente de nouveaux appareils de chauffage au gaz et remplacer les appareils existants par des technologies durables, comme les pompes à chaleur, au lieu de proposer de fausses solutions comme l’hydrogène.
L’émergence de ce que l’on appelle les « gaz verts » tels que l’hydrogène constitue à la fois une menace et une opportunité à cet égard, et la conception d’une réglementation appropriée pour un avenir neutre sur le plan climatique est un défi majeur. Comme l’offre d’hydrogène vert sera très limitée, car sa production est très coûteuse, nous devons l’utiliser uniquement dans les secteurs plus difficiles à décarboniser, tels que les processus industriels à haute température, plutôt que pour le chauffage ou les transports, pour lesquels d’autres options sont disponibles.
Les inondations dévastatrices qui ont frappé l’Allemagne en juillet ont-elles permis une meilleure reconnaissance de la crise climatique et une plus grande volonté d’agir ?
Une plus grande reconnaissance, oui. Les inondations ont été largement attribuées, et à juste titre, au changement climatique. Cependant, le débat n’a pas beaucoup évolué une fois la crise immédiate passée. Le gouvernement a dû engager 30 milliards d’euros (environ 35 milliards de dollars) pour réparer les dégâts causés par les inondations et reconstruire les régions touchées. Cependant, dans le contexte des élections fédérales, la politique climatique a été discutée comme un « coût » que la société doit payer pour des raisons altruistes.
Présenter la politique climatique comme opposée au développement économique est une fausse dichotomie. La vérité est que nous devons réduire les émissions, même dans les zones où cela est difficile, précisément pour éviter que des événements terriblement coûteux comme les inondations et les sécheresses ne deviennent plus fréquents. Cette conscience quant au fait que nous devons protéger le climat pour nous protéger nous-mêmes fait encore défaut.
Dans quelle mesure la crise climatique a-t-elle été présente dans la campagne électorale d’octobre, et comment le mouvement climatique pousse-t-il le nouveau gouvernement potentiel à aller plus loin ?
Selon les sondages, le changement climatique était la question électorale la plus importante. Cela s’explique en partie par la frustration suscitée par le gouvernement sortant de la « grande coalition », qui s’est montré complaisant à l’égard de la crise climatique, incapable d’atteindre ses propres objectifs et peu enclin à prendre des décisions de grande envergure dans des domaines essentiels tels que les énergies renouvelables, la construction, les transports et l’agriculture.
Le mouvement pour le climat, et en particulier le mouvement Fridays for Future, s’est beaucoup renforcé depuis les élections de 2017. Les jeunes sont mobilisés et maintiendront la pression car ils craignent, à juste titre, pour leur avenir. Il est très probable que le parti des Verts fasse partie du nouveau gouvernement après avoir obtenu le meilleur résultat électoral de son histoire. Cela est de bon augure pour la politique climatique ainsi que pour l’exercice de l’influence du mouvement climatique. Le parti des Verts est de loin le plus compétent et le plus disposé à adopter une politique climatique ambitieuse, et aussi le plus ouvert aux préoccupations du mouvement pour le climat.
Quel lien entretenez-vous avec le mouvement international pour le climat ?
Deutsche Umwelthilfe est liée au mouvement climatique en Europe par son adhésion à des associations faîtières telles que Climate Action Network-Europe et le Bureau européen de l’environnement. Nous participons régulièrement, avec nos partenaires européens, à des échanges et à des groupes de travail sur différents sujets, tels que l’élimination progressive du gaz, la réglementation des émissions de méthane, le financement durable et le chauffage durable.
Dans quelle mesure espérez-vous que la COP26 débouchera sur des progrès, et quelle utilité voyez-vous à de tels processus internationaux ?
Il ne fait aucun doute que la coopération internationale est essentielle si nous voulons limiter efficacement le réchauffement de la planète, et l’accord de Paris en est la preuve. Cependant, depuis le début de la série de réunions de la COP, nous avons constaté une augmentation constante des émissions au niveau mondial. Beaucoup critiquent également ces événements parce qu’ils sont fortement sponsorisés par l’industrie et que leurs résultats sont donc quelque peu orientés vers les attentes de l’industrie.
Ainsi, les processus internationaux sont, d’une part, cruciaux, mais d’autre part, ils sont aussi l’occasion pour l’industrie des combustibles fossiles de gagner, ou du moins de conserver, sa réputation de partie de la solution à la crise climatique, tout en continuant, dans de nombreux cas, à entraver le progrès.
C’est pourquoi nous devons veiller à envisager de manière réaliste les résultats qui pourraient découler de la COP26. J’espère que des progrès seront réalisés sur les engagements de réduction des émissions afin d’être en mesure de respecter l’accord de Paris. Mais il faudra que la société civile exige et mette en œuvre les changements nécessaires, quelle que soit l’issue de la COP26. Nous faisons et continuerons de faire partie de ce changement.
Quel changement souhaiteriez-vous voir se produire pour contribuer à résoudre la crise climatique ?
Ces dernières années, nous avons assisté à des efforts incroyables de la part de la jeune génération pour enfin concrétiser les promesses faites dans l’accord de Paris. Cependant, trop souvent, les décideurs ignorent leurs connaissances et leurs demandes concernant la crise climatique et continuent à faire comme si de rien n’était. Je pense que nous aurions tous intérêt à ce que les jeunes aient davantage d’influence sur les processus décisionnels susceptibles d’enrayer le réchauffement climatique.
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COP26 : « Le Nord global doit être responsable et s’engager dans la lutte contre le changement climatique »
Alors que la 26ème Conférence des parties des Nations unies sur le changement climatique (COP26) débute à Glasgow, au Royaume-Uni, CIVICUS continue d’interviewer des activistes, des dirigeants et des experts de la société civile sur les défis environnementaux auxquels ils sont confrontés dans leurs contextes, les actions qu’ils entreprennent pour y faire face et leurs attentes pour le sommet.
CIVICUS s’entretient avec Lorena Sosa, directrice des opérations de Zero Hour, un mouvement dirigé par des jeunes qui cherche à créer des voies d’accès, fournit des formations et distribue des ressources pour les nouveaux jeunes militants et organisateurs. Grâce à Zero Hour, Lorena a soutenu le travail d’activistes en Jamaïque, aux Philippines et à Singapour, qui cherchent à générer une action immédiate et à attirer l’attention sur les impacts du changement climatique.
Quel est le problème climatique dans le pays où votre organisation travaille ?
Zero Hour travaille actuellement à l’élimination des subventions aux combustibles fossiles dans la politique américaine et à la lutte contre le manque de ressources pour l’organisation et la mobilisation en faveur du climat. Nous avons récemment organisé avec succès une manifestation virtuelle, « End Polluter Welfare », à laquelle ont participé le chef de la majorité des sénateurs Chuck Schumer et le membre du Congrès Ro Khanna, ainsi qu’une mobilisation intitulée « People Not Polluters » à New York. Nous avons également participé à l’organisation de la mobilisation « People vs Fossil Fuels » à Washington DC. Nous travaillons actuellement à la révision d’une série d’activités de formation pour aider nos sections à apprendre comment organiser des campagnes locales spécifiques à leurs communautés.
Beaucoup de nos actions expriment notre désir de nous lier et de collaborer avec d’autres personnes impliquées dans le mouvement pour élever les actions de chacun, car il est difficile d’obtenir une couverture et une attention pour les actions que nous organisons tous. Il est agréable de voir des militants se soutenir mutuellement ; l’amour et le soutien sont vraiment nécessaires pour améliorer l’état du mouvement et faire avancer ses revendications.
Avez-vous été confrontée à des réactions négatives pour le travail que vous faites ?
Le retour de bâton contre le travail des militants est très variable, notamment dans le cas de nos sections internationales, qui sont confrontées à des limites en matière de protestation et de mobilisation en raison de restrictions gouvernementales. Aux États-Unis, le principal effet négatif du travail que nous faisons est lié à l’épuisement qui résulte du fait de travailler sans voir aucune action de la part des dirigeants qui ont le pouvoir d’initier des actions pour le bien de notre planète. Le burnout n’est que trop fréquent au sein du mouvement des jeunes pour le climat, d’autant plus que nombre d’entre nous tentent de jongler entre leurs obligations universitaires, leur vie sociale et leur militantisme, tout en essayant de garder l’espoir que le changement est possible.
Pour ce qui est du maintien du bien-être et de la protection contre les effets de l’épuisement professionnel, j’ai appris qu’il est préférable de s’engager auprès de la communauté climatique dont je fais partie ; je sais que je ne suis pas seule avec mes préoccupations, car j’en parle constamment avec mes amis et mes collègues. Il n’existe pas de remède universel contre l’épuisement professionnel, mais j’ai appris que prendre le temps de prendre soin de moi et de rester en contact avec ma famille et mes amis m’aide énormément à garder les pieds sur terre.
Comment établissez-vous des liens avec le mouvement international pour le climat ?
Nos équipes Global Links et Operations, dirigées par Sohayla Eldeeb et moi-même, ont travaillé ensemble pour façonner nos communications avec nos sections internationales en Jamaïque, aux Philippines et à Singapour. Nous avons organisé des heures de consultation spécifiques pour nos sections internationales afin de les aider à résoudre les conflits qu’elles rencontrent dans leur travail de campagne, et de leur apporter tout le soutien possible.
En ce qui concerne les campagnes internationales, notre directrice adjointe des partenariats, Lana Weidgenant, participe activement aux campagnes internationales qui visent à attirer l’attention et à encourager l’éducation et l’action sur la transformation des systèmes alimentaires pour éliminer les émissions de gaz à effet de serre et protéger notre environnement. Lana était la vice-présidente jeunesse de Transition to Sustainable Consumption Patterns pour le Sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires 2021, elle est l’une des jeunes leaders de la campagne internationale Act4Food Act4Change qui a recueilli les engagements et les priorités en matière de systèmes alimentaires de plus de 100 000 jeunes et alliés à travers le monde, et elle est l’un des deux représentants jeunesse aux négociations agricoles de la COP26 de cette année.
Dans quelle mesure espérez-vous que la COP26 permettra de progresser dans la lutte contre le changement climatique ?
Je voudrais que le Nord global rende des comptes et s’engage à apporter 100 milliards de dollars pour permettre au Sud de mettre en œuvre avec succès ses propres mesures d’adaptation et d’atténuation du changement climatique.
Beaucoup de nos points de vue à Zero Hour se concentrent sur la justice, plutôt que sur l’équité, parce que nous savons que les États-Unis sont un contributeur majeur à cette crise. Les dirigeants du Nord de la planète, et en particulier les acteurs clés des États-Unis, doivent cesser de soutenir l’industrie des combustibles fossiles, et commencer à s’engager en faveur de solutions qui donnent la priorité aux personnes plutôt qu’aux pollueurs.
Je serais ravie de voir que tous les dirigeants présents à la COP26 prennent des mesures sérieuses et décisives pour combattre et éliminer les effets du changement climatique. L’aggravation des phénomènes météorologiques et la montée du niveau des mers ont déjà montré que l’inaction sera préjudiciable au bien-être de notre planète et de tous ses habitants.
Le récent rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) des Nations unies a souligné qu’il existe suffisamment de preuves pour que nos dirigeants traitent le changement climatique comme l’urgence qu’il représente. J’espère que tous les dirigeants mondiaux participant à la conférence prendront véritablement en considération les conclusions du rapport du GIEC lors de la rédaction des résultats de la conférence.
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COP26 : « Les communautés marginalisées doivent être au cœur de l’action climatique »
À la veille de la 26ème Conférence des parties des Nations unies sur le changement climatique (COP26), qui se tiendra à Glasgow, au Royaume-Uni, du 31 octobre au 12 novembre 2021, CIVICUS a interrogé des militants, des dirigeants et des experts de la société civile sur les défis environnementaux auxquels ils sont confrontés dans leur contexte, les actions qu’ils entreprennent pour y faire face et leurs attentes pour le sommet à venir.
CIVICUS s’entretient avec Jessica Dercontée, co-organisatrice du Collectif contre le racisme environnemental (CAER), un groupe de la société civile au Danemark qui s’efforce d’introduire la question de la discrimination et de l’injustice raciale dans le débat danois sur le climat en attirant l’attention du public sur le racisme environnemental.
Le militantisme et le travail universitaire de Jessica se concentrent sur la gouvernance climatique et explore les injustices sociales et climatiques profondément enracinées liées à la classe, au genre et à la race. Jessica est coordinatrice de projets de développement international à l’Union des étudiants danois et au Conseil danois de la jeunesse pour les réfugiés, et assistante de recherche au cabinet de conseil In Futurum.
Quels sont les objectifs du CAER ?
Nous sommes un collectif de femmes et de personnes de couleur non binaires travaillant à la croisée de l’environnementalisme, de l’antiracisme et de la justice climatique. Le CAER cherche à mobiliser et à amplifier les voix des personnes les plus touchées par le racisme environnemental, y compris les Noirs, les autochtones et les personnes de couleur dans le Sud et le Nord du monde. Notre collectif a été formé pour apporter une visibilité et un regard critique sur les débats et les conceptualisations actuels, en mettant en évidence les effets différenciés de la crise climatique et environnementale.
Quel est le principal problème climatique ou environnemental sur lequel vous travaillez ?
Le CAER se concentre sur l’écologie politique et le néocolonialisme des débats danois sur l’environnement et le climat. Les principaux débats publics sur la crise climatique au Danemark se concentrent sur les effets néfastes de notre culture de consommation et de nos modes de vie sur les biosystèmes de la planète, et accordent moins d’attention aux personnes touchées par ces effets, et à l’éternel désir des grandes entreprises de faire des profits et de maximiser leurs bénéfices. Si nous sommes d’accord sur l’urgence de ces questions, notre collectif estime que le débat au Danemark doit aller au-delà de l’affirmation de la nécessité pour les gouvernements et les autres parties prenantes de trouver des solutions technologiques grandioses pour atténuer la crise climatique. Le débat public actuel est trop simpliste, apolitique et technique, axé sur la recherche de solutions vertes.
Le CAER met en lumière les différentes dynamiques de pouvoir qui caractérisent nos systèmes actuels, ainsi que la manière dont les pratiques et les modes de pensée actuels perpétuent le colonialisme et l’oppression mondiale, qui sont également fortement ancrés dans le capitalisme. Pour ce faire, nous organisons des ateliers, rédigeons des articles, diffusons des informations sur les médias sociaux et collaborons avec des personnes ou des groupes marginalisés dans le Sud.
Un exemple de notre façon d’apporter une perspective différente à la question de la transition verte est notre analyse de la manière dont les grandes entreprises danoises causent la dégradation de l’environnement et favorisent l’accaparement des terres dans le Sud du monde. La société danoise d’énergie éolienne Vestas fait actuellement l’objet d’une action en justice intentée par des communautés autochtones du Mexique, qui l’accusent d’avoir des répercussions négatives sur les moyens de subsistance des populations autochtones, et l’associent à de graves violations des droits humains à l’encontre de manifestants locaux et de militants de la société civile, qui ont fait l’objet d’actes d’intimidation et de menaces de mort pour avoir dénoncé ces abus. Les gouvernements des deux pays ont conclu des accords qui, selon eux, étaient mutuellement bénéfiques, car ils étaient censés apporter croissance et développement économiques au Mexique, tout en aidant le Danemark à rendre son économie plus verte. Cependant, les accaparements de terres qui ont suivi ont privé les communautés du Sud de leurs droits, perpétuant le cycle de la dépendance à l’aide et faisant ressurgir les formes néocoloniales de contrôle et d’exploitation des terres et des populations autochtones.
Un autre exemple beaucoup plus proche du Danemark est le racisme environnemental qui imprègne les relations du Danemark avec le Groenland, ancienne colonie et actuelle nation du Commonwealth danois. En raison du contrôle exercé par le Danemark sur les ressources naturelles du Groenland, la population groenlandaise est exclue des décisions importantes concernant l’avenir de l’Arctique, ce qui peut être considéré comme ayant un impact racial majeur dans le domaine de la conservation, de la politique environnementale et du consumérisme.
L’objectif principal du CAER a été de fournir un espace sûr pour les Noirs, les autochtones et les personnes de couleur, y compris les personnes homosexuelles et transsexuelles, qui souhaitent se mobiliser dans les espaces de l’environnementalisme et de l’antiracisme au Danemark. Le mouvement climatique danois est souvent perçu comme ayant été excluant et discriminatoire envers ces personnes. Nous espérons que le discours public danois ne se contentera pas d’utiliser et de présenter les communautés marginalisées comme des études de cas, mais qu’il les placera au centre de l’action climatique en tant que fournisseurs légitimes de solutions, et participants actifs à la prise de décision.
Avez-vous été confronté à des réactions négatives face au travail que vous faites ?
Nous avons rencontré un véritable enthousiasme de la part d’autres organisations et acteurs désireux de changer leurs structures organisationnelles et de les rendre plus inclusives et capables de trouver des solutions à la crise que nous traversons. Bien que nous n’ayons pas eu de réactions négatives directes en raison de notre travail ou de l’accent que nous mettons sur la race et la nature discriminatoire de la politique environnementale, il nous semble que la société n’est pas prête à faire face aux diverses réalités vécues par les gens sur le terrain, qui sont différentes du récit extrêmement homogénéisé de l’expérience danoise. Au Danemark, les lois et les politiques ont été considérées comme inclusives sur la base de l’image progressiste de notre modèle d’État-providence qui protège toutes les personnes. Ainsi, les institutions et les individus ont plus de mal à comprendre que leur propre position privilégiée repose sur l’exploitation et l’oppression d’autres groupes sociaux, non seulement dans le passé mais encore aujourd’hui.
Quel lien entretenez-vous avec le mouvement international pour le climat ?
Nous nous engageons dans le mouvement climatique international sur la base de notre objectif de décolonisation des structures de l’activisme climatique. Nous cherchons aussi activement à nous engager dans des partenariats, ce qui se reflète dans les exemples que nous sélectionnons comme la face visible de nos projets et les voix que nous cherchons à amplifier. Nous cherchons à redonner du pouvoir et à créer des espaces où les personnes marginalisées peuvent raconter leur propre histoire et apporter leurs connaissances et leurs solutions à la crise climatique. De plus, en construisant et en partageant des connaissances à partir d’une diversité de perspectives et avec la contribution d’autant de chercheurs du Sud que possible, nous cherchons à faire contrepoids à l’ethnocentrisme qui imprègne l’échange de connaissances dans la gouvernance climatique, l’action climatique et l’environnementalisme.
Dans quelle mesure espérez-vous que la COP26 permettra de progresser sur les questions climatiques ?
Au CAER, nous espérons que, même si le scénario actuel de la COP26 présente l’inconvénient important de manquer de représentation diversifiée, il y aura un espace pour l’expression des connaissances vitales du Sud de la planète, et pour l’engagement d’un ensemble diversifié de voix dans l’élaboration des politiques, afin que le prochain cycle d’objectifs soit aussi nuancé et intersectionnel que possible.
Quel changement souhaiteriez-vous voir se produire pour contribuer à résoudre la crise climatique ?
Nous espérons que, dans un avenir proche, notre mouvement contre le racisme environnemental se développera et que cela nous permettra de jeter des ponts entre le mouvement climatique dominant et le mouvement antiraciste danois, afin d’atténuer la crise climatique d’une manière beaucoup plus inclusive et ouverte à la diversité et à la pluralité des connaissances, en englobant différents secteurs et institutions au Danemark, ainsi que dans le reste du monde.
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COP26 : « Les décideurs ont des objectifs nationaux alors que les enjeux sont transnationaux »
Alors que la 26ème Conférence des parties des Nations unies sur le changement climatique (COP26) se déroule à Glasgow, au Royaume-Uni, du 31 octobre au 12 novembre 2021,CIVICUS interroge des militants, des dirigeants et des experts de la société civile sur les défis environnementaux auxquels ils sont confrontés dans leur contexte, les actions qu’ils entreprennent pour y faire face et leurs attentes pour le sommet.
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COP26 : « Les jeunes font des propositions, ils ne se contentent pas de réclamer des changements en brandissant une pancarte »
À la veille de la 26ème Conférence des parties des Nations unies sur le changement climatique (COP26), qui se tiendra à Glasgow, au Royaume-Uni, du 31 octobre au 12 novembre 2021, CIVICUS a interrogé des militants, des dirigeants et des experts de la société civile sur les défis environnementaux auxquels ils sont confrontés dans leur contexte, les actions qu’ils entreprennent pour y faire face et leurs attentes pour le sommet à venir.
CIVICUS s’entretient avec Antonella Regular et Joaquín Salinas, respectivement coordinatrice de la communication et coordinateur de la formation de Juventudes COP Chile, une plateforme indépendante de jeunes axée sur l’action climatique. Le groupe cherche à générer des espaces de plaidoyer pour la population jeune et constitue un espace intersectionnel et intergénérationnel pour l’apprentissage mutuel.
Quels sont les principaux problèmes environnementaux au Chili ?
Un problème central est directement lié aux zones de sacrifice environnemental, c’est-à-dire les zones qui concentrent un grand nombre d’industries polluantes ayant un impact direct sur les communautés. Un autre problème est l’exploitation minière et la manière dont les droits d’extraction prennent le pas sur les droits des communautés et de l’environnement, avec des opérations telles que le projet controversé de Dominga dans la région de Coquimbo, sur la côte nord et du centre du Chili. Et dans le sud, la question de la déforestation.
Ces questions environnementales sont notre point d’entrée dans les communautés : elles nous permettent de connaître les défis et les objectifs afin de pouvoir influencer et agir, et pas seulement exiger. A partir de cette plateforme, nous cherchons à générer des solutions aux problèmes.
Le fait que les jeunes ne trouvent pas d’espaces où ils sont entendus et peuvent participer activement à la prise de décision est également un problème. Le Chili traverse actuellement un processus constituant : nous avons une Assemblée constituante très diverse et plurielle, directement élue par les citoyens, qui rédige une nouvelle Constitution. Pour la première fois, il est possible que certaines demandes historiques, longtemps ignorées, soient satisfaites. En ce moment décisif, il est important que les jeunes soient inclus dans le processus décisionnel et qu’ils puissent influencer la conception de politiques publiques progressistes.
Comment vos actions s’inscrivent-elles dans le cadre du mouvement mondial pour le climat ?
La plateforme Juventudes COP Chile se veut un pont entre la société civile et les espaces de plaidoyer internationaux tels que les conférences sur le climat. Notre objectif est de donner à la société civile dans son ensemble les moyens d’émettre des opinions et des demandes pour influencer ces espaces. Nous avons ouvert des espaces de participation et généré des alliances, et toutes les propositions qui ont émergé dans ces espaces seront délivrées à la COP26.
Juventudes COP Chile promeut la participation des jeunes et les encourage à prendre une position active. Nous faisons des propositions, nous ne nous contentons pas d’exiger des changements en brandissant une pancarte.
Quels progrès attendez-vous de la COP26 ? Plus généralement, quelle est, selon vous, l’utilité de ces processus internationaux ?
Il y a beaucoup de travail resté inachevé depuis la COP25. Par exemple, finaliser le livre des règles en ce qui concerne l’article 6 de l’Accord de Paris, relatif aux marchés du carbone, pour que les États et les entreprises puissent échanger des unités d’émission de gaz à effet de serre. Nous espérons que lors de cette COP, les pays se mettront d’accord immédiatement et qu’il y aura une percée à cet égard. Ils devraient également cesser de reporter les contributions déterminées au niveau national (CDN) à 2050. Et les CDN ne devraient plus être volontaires. Cela semble presque une moquerie étant donné l’état de la crise climatique.
Il est urgent de progresser car nous constatons que le changement climatique est réel et qu’il se produit. Certains changements sont déjà irréversibles : nous les vivons au quotidien dans notre relation avec l’environnement et il se peut que nous soyons déjà à peine capables d’adopter des règles d’adaptation.
Les parties à la COP26 devraient en prendre conscience et mettre leurs intérêts de côté pour penser à la survie de l’espèce humaine. Ils doivent écouter la science et les jeunes. La participation des jeunes à ces processus ne peut être un simple protocole : elle doit être réelle, active et significative.
Quels changements voudriez-vous voir se produire dans le monde ou dans votre communauté, qui pourraient aider à résoudre la crise climatique ?
Dans nos communautés, nous attendons une plus grande participation et un meilleur accès à l’information. Au Chili, il y a une grande centralisation : tout se passe dans la capitale, Santiago, et cela génère un déficit de participation des citoyens à la prise de décision et à la diffusion de l’information dans les communautés. Nous espérons que des progrès seront réalisés sur les questions de décentralisation et de redistribution du pouvoir de décision effectif.
L’un des principes de Juventudes COP Chile est précisément la décentralisation, et c’est pourquoi nous travaillons avec des personnes de différentes régions du pays. Nous aimerions voir une adoption plus massive de certaines des pratiques que nous intégrons dans Juventudes COP Chile, comme l’artivisme, la culture régénératrice, l’horizontalité et le travail communautaire.
Au niveau national, nous attendons des hommes politiques qu’ils commencent à prendre ce problème au sérieux. Ils doivent œuvrer à la réduction de la pollution et à l’atténuation de la crise climatique. Ils doivent partir de la reconnaissance du fait que la crise climatique est une crise des droits humains, qui affecte radicalement la qualité de vie des personnes et des communautés les plus vulnérables. Il est important que l’on reconnaisse que cela se produit et que c’est un problème sérieux.
Une étape importante pour faire avancer les choses serait que le Chili signe enfin l’accord régional sur l’accès à l’information, la participation du public et l’accès à la justice en matière d’environnement en Amérique latine et dans les Caraïbes, plus connu sous le nom d’accord d’Escazú. Il s’agit du premier accord régional sur l’environnement en Amérique latine et dans les Caraïbes et du premier au monde à contenir des dispositions spécifiques sur les défenseurs des droits humains et les défenseurs de l’environnement. Pendant des années, le Chili a fait pression pour que les négociations aboutissent à cet accord, mais a ensuite décidé de ne pas le signer. Elle doit le faire sans délai.
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COP26 : « Mon espoir est que les gens se rassemblent pour demander justice »
À la veille de la 26ème Conférence des Parties des Nations Unies sur le changement climatique (COP26), qui se tiendra à Glasgow, au Royaume-Uni, du 31 octobre au 12 novembre 2021, CIVICUS a interrogé des militants, des dirigeants et des experts de la société civile sur les défis environnementaux auxquels ils sont confrontés dans leur contexte, les actions qu’ils entreprennent pour y faire face et leurs attentes pour le sommet à venir.
CIVICUS s’entretient avec Mitzi Jonelle Tan, une jeune militante pour la justice climatique basée à Metro Manila, aux Philippines, membre des Young Climate Champions Philippines et participante active du mouvement international Fridays for the Future.
Quel est le principal problème climatique dans votre communauté ?
Les Philippines subissent de nombreux impacts du changement climatique, qu’il s’agisse de sécheresses plus longues et plus chaudes ou de typhons plus fréquents et plus intenses. Outre ces impacts climatiques - auxquels nous n’avons pas été capables de nous adapter et qui nous laissent sans soutien pour faire face aux pertes et aux dommages - nous sommes également confrontés à de nombreux projets destructeurs de l’environnement, souvent entrepris par des multinationales étrangères, que notre gouvernement autorise et même encourage.
Young Climate Champions Philippines, la version philippine de Fridays for Future, milite pour la justice climatique et pour que les voix des personnes issues des communautés les plus touchées soient entendues et amplifiées. Je suis devenue militante en 2017, après avoir travaillé avec des leaders autochtones aux Philippines, car ce travail m’a fait prendre conscience que la seule façon de parvenir à une société plus juste et plus verte est une action collective menant à un changement systémique.
Avez-vous été confrontée à des réactions négatives face au travail que vous réalisez ?
Oui, comme pour toute personne qui s’élève contre l’injustice et l’inaction, notre gouvernement, par l’intermédiaire de ses agents rémunérés, désigne les militants comme des terroristes : pour résumer, il nous traite de terroristes pour avoir demandé des comptes et poussé au changement. Être militant du climat s’accompagne toujours de la peur aux Philippines, le pays qui, pendant huit années consécutives, a été classé comme le plus dangereux d’Asie pour les défenseurs et militants de l’environnement. Nous ne vivons plus seulement avec la peur des impacts climatiques, mais aussi avec celle que la police et les forces de l’État s’en prennent à nous et nous fassent disparaître.
Comment établissez-vous des liens avec le mouvement international pour le climat ?
Je collabore beaucoup avec la communauté internationale, en particulier par le biais de Fridays for Future - MAPA (Most Affected Peoples and Areas), l'un des groupes de Fridays for Future dans le Sud. Nous y parvenons en ayant des conversations, en apprenant les uns des autres et en élaborant des stratégies conjointes, tout en nous amusant. Il est important que le mouvement mondial des jeunes soit très bien mis en réseau, uni et solidaire, afin de s’attaquer réellement au problème mondial de la crise climatique.
Quels sont vos espoirs que la COP26 débouche sur des progrès, et quelle utilité voyez-vous à de tels processus internationaux ?
Mon espoir ne réside pas dans les soi-disant dirigeants et politiciens qui se sont adaptés au système et l’ont géré pendant des décennies au profit d’une minorité, généralement issus du Nord global. Mon espoir repose sur les gens : sur les militants et les organisations de la société civile qui s’unissent pour réclamer justice et dénoncer le fait que le système axé sur le profit qui nous a conduits à cette crise n’est pas celui dont nous avons besoin pour en sortir. Je pense que la COP26 est un moment crucial et que ce processus international doit être utile, car nous en avons déjà eu 24 qui n’ont pas donné grand-chose. Ces problèmes auraient dû être résolus lors de la première COP et, d’une manière ou d’une autre, nous devons veiller à ce que cette COP soit utile et débouche sur des changements significatifs, et non sur de nouvelles promesses vides.
Quels changements souhaiteriez-vous voir se produire pour commencer à résoudre la crise climatique ?
Le seul changement que je demande est un grand changement : un changement de système. Nous devons changer ce système qui donne la priorité à la surexploitation du Sud et des peuples marginalisés au profit du Nord et de quelques privilégiés. Un développement bien compris ne devrait pas être basé sur le PIB et la croissance éternelle, mais sur la qualité de vie des gens. C’est possible, mais seulement si nous nous attaquons à la crise climatique et à toutes les autres injustices socio-économiques qui en sont la cause.
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COP26 : « Nous attendons des obligations plus strictes en vertu du principe de responsabilité commune et différenciée »
À la veille de la 26ème Conférence des parties des Nations unies sur le changement climatique (COP26), qui se tiendra à Glasgow, au Royaume-Uni, du 31 octobre au 12 novembre 2021, CIVICUS a interrogé des militants, des dirigeants et des experts de la société civile sur les défis environnementaux auxquels ils sont confrontés dans leur contexte, les actions qu’ils entreprennent pour y faire face et leurs attentes pour le sommet à venir.
CIVICUS s’entretient avecCharles Wanguhu, activiste social et coordinateur de la Plateforme de la société civile pour le pétrole et le gaz kényans, un forum où les organisations de la société civile (OSC) participantes partagent des informations, planifient et élaborent ensemble des stratégies pour un plaidoyer commun, s’engagent auprès des agences gouvernementales, des entreprises et des médias, et informent et sensibilisent le public.
Quel est le problème environnemental de votre pays sur lequel vous travaillez ?
La Plateforme de la société civile pour le pétrole et le gaz kényans est une organisation à but non lucratif qui œuvre pour la durabilité du secteur pétrolier et gazier au Kenya, et pour des transitions énergétiques justes. Avec la découverte de pétrole dans le comté de Turkana au Kenya, notre travail s’est orienté vers le plaidoyer en faveur de cadres politiques et juridiques garantissant la justice environnementale et la prise en compte du climat dans l’exploitation pétrolière. Nous effectuons ce travail en examinant les politiques et les réglementations et en renforçant les capacités afin que les communautés locales puissent participer efficacement aux processus d’évaluation de l’impact environnemental et social (ESIA) pour sauvegarder leur environnement.
Nous sommes également directement impliqués dans l’examen des ESIA, en plaidant toujours pour l’inclusion des considérations relatives au changement climatique et à la protection de l’environnement au niveau du projet. Par exemple, alors que le projet pétrolier de Turkana se dirigeait vers la phase de production, nous avons participé aux forums de consultation des parties prenantes du projet, où nous avons soulevé la nécessité que l’ESIA du projet intègre des évaluations de l’impact sur le changement climatique. Nous avons également plaidé pour la transparence du secteur par la divulgation des accords et des licences pétrolières, afin que les citoyens puissent comprendre les obligations des compagnies pétrolières en matière d’environnement et de changement climatique, ce qui entraînera une plus grande responsabilité de la part de l’État et de ces compagnies.
Avez-vous été confronté à des réactions négatives face au travail que vous faites ?
Le rétrécissement de l’espace civique reste un défi dans l’environnement dans lequel nous travaillons. Les groupes de la société civile sont confrontés à des réactions négatives de la part du gouvernement lorsqu’ils abordent les questions d’actualité. Les restrictions prennent souvent la forme d’un refus d’autorisation d’organiser des manifestations ou des réunions liées à des projets qui les intéressent. Dans certains cas, des organismes gouvernementaux tels que le Conseil de coordination des organisations non gouvernementales et l’Autorité fiscale du Kenya ont été utilisés pour cibler les OSC.
Nous sommes également confrontés à des restrictions de la part des entreprises, telles que l’exclusion délibérée des OSC des événements de participation publique. Ceux de nos membres qui ont soulevé des préoccupations ou se sont exprimés sur des questions liées à l’extraction des ressources pétrolières et gazières ont constaté qu’ils ne sont plus invités à participer ou autorisés à faire des commentaires lors des audiences publiques.
Quel lien entretenez-vous avec le mouvement international pour le climat ?
Nous développons un programme panafricain pour une transition juste qui impliquera une collaboration avec d’autres groupes régionaux et internationaux, afin de garantir que la transition énergétique mondiale soit juste pour l’Afrique et reflète les impacts de la crise climatique sur le continent.
Quels sont vos espoirs pour la COP26, et dans quelle mesure pensez-vous que ces processus internationaux soient utiles ?
L’inclusion des considérations relatives au changement climatique au niveau des projets a déjà un fondement juridique au Kenya grâce à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, à l’Accord de Paris et à la loi sur le changement climatique adoptée au Kenya en 2016. Le retard dans la mise en œuvre de la loi a été un défi, mais nous avons connaissance de plusieurs projets de réglementation qui sont en cours d’examen pour une éventuelle promulgation.
En ce qui concerne la transition énergétique équitable, nous attendons l’imposition d’obligations plus fortes, conformes au principe de responsabilité commune mais différenciée, qui reconnaît que les différents pays ont des responsabilités et des capacités différentes pour faire face aux problèmes transfrontaliers tels que le changement climatique. Cela permettrait de s’assurer que l’Afrique n’est pas laissée pour compte dans la transition ou, pire, que la transition ne se fait pas à ses dépens.
Les processus internationaux ont été utiles dans la mesure où ils ont en partie facilité l’intégration dans le droit national de cadres juridiques et politiques sur le changement climatique, mais nous attendons certainement plus d’engagement de la part des États.
Quel changement souhaiteriez-vous voir se produire pour contribuer à résoudre la crise climatique ?
Nous aimerions voir une mise en œuvre accélérée des cadres et obligations juridiques en matière de changement climatique, tant au niveau local qu’international. En outre, nous aimerions que les pays développés du Nord s’engagent à respecter leurs promesses de financement du climat faites dans le cadre de l’Accord de Paris. Cela contribuera grandement à financer des transitions énergétiques justes en Afrique.
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COP26 : « Nous devons donner aux communautés et aux femmes les moyens de gérer les ressources climatiques »
À la veille de la 26ème Conférence des Parties des Nations Unies sur le changement climatique (COP26), qui se tiendra à Glasgow, au Royaume-Uni, du 31 octobre au 12 novembre 2021, CIVICUS a interrogé des militants, des dirigeants et des experts de la société civile sur les défis environnementaux auxquels ils sont confrontés dans leur contexte, les actions qu’ils entreprennent pour y faire face et leurs attentes pour le sommet à venir.
CIVICUS s’entretient avec Nyang’ori Ohenjo, directeur général du Minority Rights Development Centre (CEMIRIDE), une organisation de la société civile kenyane qui milite pour la reconnaissance des minorités et des peuples autochtones dans les processus politiques, juridiques et sociaux et s’efforce de donner aux communautés les moyens d’assurer des moyens de subsistance durables.
Quel est le problème climatique dans votre pays qui est au centre de votre travail ?
Nous nous concentrons sur l’aggravation des effets du changement climatique, notamment sur les groupes les plus vulnérables tels que les populations autochtones. Malgré un grand nombre de programmes climatiques, le Kenya n’atteint pas les objectifs souhaités. Par exemple, le nord du pays connaît une augmentation des sécheresses, avec les conséquences désastreuses habituelles, et le président a déjà déclaré catastrophe nationale la sécheresse de cette année.
La principale difficulté réside dans le fait que les cadres politiques ne tiennent pas compte des circonstances des communautés autochtones, qui comprennent les communautés pastorales, les habitants des forêts et les communautés de pêcheurs. Cela rend ces communautés et leurs systèmes économiques vulnérables et ne fournit pas de solutions pour renforcer leur résilience. Les programmes et les politiques ignorent souvent les éléments culturels.
Les éleveurs, par exemple, diversifient leurs troupeaux en termes de sexe, d’âge et d’espèces pour répartir les risques et maximiser les pâturages disponibles. La taille du troupeau est équilibrée avec la taille de la famille, et la composition du troupeau cherche à répondre aux besoins de la famille. Parfois, les troupeaux sont divisés comme une stratégie de survie, surtout en période de sécheresse, et pour permettre une utilisation innovante des ressources disponibles. Grâce à des systèmes de soutien mutuel, les éleveurs veillent les uns sur les autres afin de pouvoir se remettre rapidement des catastrophes. Chaque groupe pastoral a une façon différente de soutenir ses membres, par exemple en leur permettant de gagner de l’argent et de diversifier leurs moyens de subsistance. Cependant, l’aide alimentaire et les allocations sont devenues la norme politique en temps de crise, comme durant la sécheresse actuelle, ce qui n’a de sens économique pour personne, et surtout pas pour les communautés pastorales.
Les 50 années d’une approche axée principalement sur l’aide alimentaire n’ont pas permis d’apporter une solution durable, d’où la nécessité d’un véritable changement de politique pour passer d’une réponse réactive aux catastrophes à une préparation proactive. Cela signifie qu’il faut disposer de ressources de base, y compris d’argent liquide si nécessaire, avant qu’une crise ne survienne, pour aider les communautés à traverser les périodes difficiles, tout en se concentrant sur les investissements et le développement à long terme afin d’accroître la résilience des communautés pour absorber les chocs futurs.
Quel lien entretenez-vous avec le mouvement international pour le climat ?
Nous établissons des liens par le biais de notre travail avec de nombreux réseaux mondiaux de la société civile, dont CIVICUS, et avec des organisations kenyanes de défense du développement, des organisations de base et des groupes réclamant une action en faveur du climat, ainsi qu’avec des institutions universitaires, des organes des Nations unies et des institutions régionales et internationales de défense des droits humains. L’objectif principal de ces liens est de faire en sorte que les voix des communautés autochtones du Kenya soient entendues au sein du mouvement de lutte contre le changement climatique et puissent influencer les discussions internationales.
La participation des peuples autochtones au mouvement international pour le climat, et le fait que les peuples autochtones fassent partie d’une conversation qui, en tenant compte de la dimension de genre, reconnaît leurs droits et valorise leurs connaissances traditionnelles, ainsi que leurs pratiques innovantes en matière de résilience climatique, sont essentiels pour concevoir et mettre en œuvre des politiques et des actions climatiques efficaces.
Au niveau national, par le biais de la Direction du changement climatique, un département du ministère kenyan de l’Environnement et des Forêts, et de la Plateforme multisectorielle pour une agriculture intelligente face au climat, le CEMIRIDE a été impliqué dans le processus d’établissement de la position du gouvernement kenyan pour la COP26 et au sein de la Plateforme des communautés locales et des peuples autochtones (Plateforme CLPA).
Comment les communautés autochtones interagissent-elles avec le gouvernement kenyan ?
L’initiative relative aux situations d’urgence liées à la sécheresse, qui prend fin en 2022, a permis d’élaborer une politique climatique, mais a peu progressé dans la résolution du problème de la sécheresse. Il existe également le Plan d’action national sur le changement climatique (2018-2022), qui prévoit la participation et l’inclusion effectives des communautés autochtones marginalisées, mais là encore, les progrès sont très limités pour ce qui est de garantir une participation structurée et significative de ces communautés à la mise en œuvre et au suivi du Plan d’action national.
Le gouvernement met également en œuvre le projet Kenya Climate-Smart Agriculture, dont l’un des éléments clés est l’atténuation du changement climatique. Cependant, sa mise en œuvre manque de mécanismes structurés d’engagement avec les communautés autochtones, qui ont donc une présence et une capacité minimales pour contribuer à sa conception et à sa mise en œuvre.
Dans quelle mesure espérez-vous que la COP26 fera des progrès sur ces questions et quelle est, selon vous, l’utilité de ces processus internationaux ?
Les processus internationaux tels que la COP26 sont importants pour donner une visibilité aux peuples autochtones dans les négociations sur le changement climatique. S’il a fallu du temps aux gouvernements, et notamment à ceux d’Afrique, pour reconnaître le rôle des peuples autochtones et la nécessité de faire entendre leur voix à la table des décisions internationales sur le changement climatique, ils ont désormais compris que les peuples autochtones peuvent réellement influencer l’orientation de ces processus. Plus précisément, la Plateforme CLPA a été créée pour promouvoir l’échange d’expériences et de bonnes pratiques, renforcer les capacités de participation des parties prenantes à tous les processus liés à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, et exploiter les divers systèmes de connaissances et leurs innovations pour la conception et la mise en œuvre des politiques et actions climatiques.
Le CEMIRIDE espère que la voix des peuples autochtones occupera le devant de la scène et que les gouvernements s’engageront à mettre en œuvre des solutions locales pour lesquelles ils seront tenus responsables, plutôt que de faire de grandes promesses mondiales qui ne sont jamais tenues et pour lesquelles personne ne leur demande de rendre des comptes. En particulier, nous attendons des gouvernements qu’ils s’engagent à soutenir et à faciliter la mise en œuvre d’un cadre national pour l’engagement des communautés autochtones dans l’action contre le changement climatique.
Quel changement voudriez-vous voir - dans le monde ou dans votre communauté - qui aiderait à résoudre la crise climatique ?
Nous voulons voir une réelle dévolution de pouvoir aux communautés, et en particulier aux femmes, dans la gestion des ressources climatiques. Les peuples autochtones sont des collectifs uniques, non seulement en raison des impacts que le changement climatique a sur eux, mais aussi en raison du rôle qu’ils jouent pour assurer le succès des mesures d’intervention, et des perspectives et expériences qu’ils apportent grâce à leurs connaissances autochtones et locales. Personne ne connaît mieux une communauté que les personnes qui y vivent et dépendent de ses ressources.
Les communautés autochtones marginalisées ont depuis longtemps développé des connaissances et une expertise spécifique pour préserver et conserver les environnements naturels dont elles tirent leurs moyens de subsistance et autour desquels elles ont développé leurs systèmes et structures sociaux, culturels et religieux. Leur gestion directe des ressources climatiques leur permettra donc d’influencer positivement le développement, l’examen, l’adoption et la mise en œuvre des politiques et des réglementations concernant le changement climatique, en se concentrant spécifiquement sur l’amélioration de leur résilience face aux impacts du changement climatique.
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COP26 : « Nous devons nous régénérer et régénérer ce que nous avons détruit »
Alors que la 26ème Conférence des parties des Nations unies sur le changement climatique (COP26) débute à Glasgow, au Royaume-Uni, CIVICUS continue d’interviewer des activistes, des dirigeants et des experts de la société civile sur les défis environnementaux auxquels ils sont confrontés dans leurs contextes, les actions qu’ils entreprennent pour y faire face et leurs attentes pour le sommet.
CIVICUS s’entretient avec Daniel Gutiérrez Govino, fondateur de la Brigade des incendies d’Alter do Chão, un groupe qui s’emploie à prévenir, combattre et promouvoir la coordination sociopolitique contre les incendies dans la forêt amazonienne de l’État du Pará, au Brésil. Daniel est également cofondateur de l’Instituto Aquífero Alter do Chão, une institution qui promeut des projets sociaux dans la ville d’Alter do Chão, municipalité de Santarém, État du Pará.
Qu’est-ce qui vous a amené à devenir un défenseur de l’environnement ?
J’ai ressenti l’urgence de travailler pour que la planète reste viable pour les humains et les autres espèces. J’ai été ému, et je le suis encore aujourd’hui, par la possibilité pour les humains d’inverser leurs actions et leur réflexion sur notre rôle dans la nature. Nous devons nous régénérer et régénérer ce que nous avons détruit.
Que fait la Brigade Alter do Chão ?
Nous travaillons depuis 2017 à la prévention et à la lutte contre les feux de forêt à Alter do Chão, dans la municipalité de Santarém, au nord du Brésil. Nous avons réuni un groupe de volontaires communautaires qui, avec beaucoup de courage, a œuvré pour protéger la biodiversité, la population d’Alter do Chão et la région contre les feux de forêt. À cette fin, nous avons reçu une formation de la part du corps des pompiers militaires, de la défense civile et du secrétariat municipal de l’environnement et du tourisme de Belterra. Nous avons formé de nouveaux brigadistas et promu la coordination sociopolitique et la communication avec les communautés locales.
Quelles sont les restrictions auxquelles vous avez été confronté en réponse à votre activisme environnemental ?
Dans le cas de la brigade d’Alter do Chão, trois brigadistas et moi-même avons été arrêtés en 2019 sur la base d’accusations infondées, soi-disant pour avoir allumé des feux dans une zone de protection environnementale. Notre travail a été criminalisé parce qu’il propose des solutions et exige une transformation du contexte politique local.
En outre, le contexte national actuel est hostile à la société civile organisée. Nous avons servi de bouc émissaire dans un récit qui visait à criminaliser les organisations de la société civile, à un moment où le président du pays et ses partisans tentaient de rendre la société civile responsable de l’augmentation spectaculaire des feux de forêt.
J’ai également rencontré des résistances lorsque j’ai essayé de promouvoir des changements dans les politiques publiques actuelles dans le microcosme de Santarém. Le conservatisme politique et social sape tout mouvement qui cherche à faire avancer les programmes progressistes. Le gouvernement, la police civile et l’élite locale rejettent l’activisme environnemental en attaquant notre travail. Nous avons eu de la chance et nos privilèges nous ont permis de rester en vie, mais les militants en Amazonie sont constamment menacés de violence et de mort. Ce n’est pas une région sûre pour ceux qui luttent pour la liberté et la justice.
Quel type de soutien avez-vous reçu lorsque vous avez été criminalisés ?
Lorsque nous avons été arrêtés, nous avons reçu toutes sortes de soutiens, tant au niveau national qu’international. Le principal soutien est venu des avocats pénalistes pro-bono de Projeto Liberdade (Projet Liberté), qui nous accompagnent jusqu’à aujourd’hui. Mais nous avons également reçu le soutien d’institutions nationales telles que Projeto Saúde e Alegria (Projet Santé et Joie) et Conectas, ainsi que d’organisations internationales telles que WWF Brésil, Article 19, Front Line Defenders et bien d’autres.
Nous avons été libérés de prison quelques jours plus tard grâce à l’action de ces réseaux de défense et de protection. Cependant, la procédure pénale à notre encontre s’est poursuivie et dure depuis deux ans maintenant, bien qu’il n’y ait aucune preuve à l’appui des accusations portées contre nous. Au niveau fédéral, l’enquête de police a été classée; cependant, les autorités de l’État du Pará ont insisté sur leurs accusations. Récemment, le bureau du procureur fédéral a contesté la compétence du tribunal, mais depuis des mois, la procédure se poursuit dans le système judiciaire brésilien. Certains de nos équipements sont encore confisqués à ce jour. Je n’ai plus aucun espoir que justice soit faite.
Malgré tout, je pense que la société civile brésilienne en sort renforcée. Notre partenaire Caetano Scannavino, du Projeto Saúde e Alegria, qui travaille également à Alter do Chão, affirme qu’il s’agit d’une sorte d’effet boomerang. Je pense que c’est brillant. Ils nous attaquent, et leurs attaques nous rendent plus forts.
Quels sont les moyens dont disposent les militants de votre région pour demander protection et soutien ? De quel type de soutien avez-vous besoin de la part de la société civile et de la communauté internationale ?
L’essentiel est de connaître les réseaux de soutien disponibles et de se coordonner avec eux avant que quelque chose de grave ne se produise, c’est-à-dire de se coordonner de manière préventive. Cela inclut les institutions nationales et internationales telles que celles qui nous ont soutenus. Mais surtout, il est essentiel de connaître les réseaux de soutien locaux.
Les types de soutien nécessaires sont spécifiques et dépendent beaucoup de chaque région. Le Brésil est de la taille d’un continent et les besoins du sud, par exemple, ne sont pas les mêmes que ceux de l’Amazonie. On ne peut même pas dire que l’Amazonie soit une région, car il s’agit en fait d’un continent avec des particularités dans chaque région. Mais ce sont ces réseaux qui mettront en relation ceux qui ont besoin de soutien et ceux qui peuvent les aider.
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COP26 : « Nous espérons que les mots se traduiront par des engagements qui changeront les comportements »
À la veille de la 26ème Conférence des Parties des Nations Unies sur le changement climatique (COP26), qui se tiendra à Glasgow, au Royaume-Uni, du 31 octobre au 12 novembre 2021, CIVICUS a interrogé des militants, des dirigeants et des experts de la société civile sur les défis environnementaux auxquels ils sont confrontés dans leur contexte, les actions qu’ils entreprennent pour y faire face et leurs attentes pour le sommet à venir.
CIVICUS s’entretient avec Theophile Hatagekimana, secrétaire exécutif de Rwanda Environment Awareness Organization (REAO), une organisation de la société civile rwandaise qui œuvre à la sensibilisation au changement climatique et aux questions environnementales et promeut la mise en œuvre de politiques de gestion environnementale rationnelle.
Quel est le principal problème environnemental de votre communauté sur lequel vous travaillez ?
Nous travaillons sur la résilience et l’atténuation du changement climatique dans le respect des droits humains. Ces dernières années, nous avons commencé à collaborer aux efforts du gouvernement pour réduire la quantité de combustible utilisée pour la cuisine des ménages. Nous avons uni nos forces sur cette initiative et d’autres, car le gouvernement rwandais est très proactif en matière d’atténuation du changement climatique.
Dans le cadre de ce projet, nous enseignons aux personnes vulnérables, notamment les jeunes femmes, les femmes pauvres, les mères adolescentes célibataires et les victimes d’abus sexuels, à utiliser des méthodes de cuisson améliorées telles que les cuisinières au lieu du bois de chauffage, ce qui permet non seulement d’éviter l’abattage de nombreux arbres et de réduire leur exposition aux émissions toxiques dans leur maison, mais aussi de gagner beaucoup de temps. Nous les encourageons à consacrer le temps ainsi gagné à des activités d’épanouissement personnel, d’éducation et d’interaction sociale, et à s’engager dans des activités génératrices de revenus.
Nous plantons également des arbres pour restaurer les forêts, et plantons et distribuons des arbres agroforestiers, qui rendent le sol plus résilient et capable de faire face à des événements climatiques extrêmes tels que les sécheresses et les fortes pluies, tout en fournissant de la nourriture, du fourrage, des matières premières industrielles, du bois, du combustible et du paillis, contribuant ainsi à diversifier les régimes alimentaires et les revenus. L’un de nos projets consiste à acheter des graines et à les planter dans les écoles, dans le cadre d’un programme qui comprend l’éducation environnementale, la démonstration des principes environnementaux en développant des pratiques vertes dans la vie quotidienne, et le développement d’une éthique environnementale.
Bien qu’il puisse sembler que nous ne travaillons que sur la protection de l’environnement, nous sommes en réalité très préoccupés par la dimension « droits humains » de la protection de l’environnement. C’est pourquoi nous nous opposons à la pratique consistant à déplacer des personnes sans leur accorder une compensation adéquate. Nous sensibilisons les personnes aux droits que leur confère la loi et les aidons à les faire valoir si nécessaire. Nous leur fournissons les outils nécessaires pour qu’ils apprennent à connaître leurs droits tels qu’ils sont définis par le droit international et le droit rwandais.
Quel lien entretenez-vous avec le mouvement international pour le climat ?
De nombreux militants, dont je fais partie, entretiennent des liens personnels avec des organisations internationales et avec leurs pairs dans le monde entier. Mais aussi au niveau organisationnel, nous essayons d’entrer en contact avec d’autres groupes qui ont une mission similaire à la nôtre et de participer à des réseaux et coalitions sur le climat et l’environnement. Le REAO est membre du Rwanda Climate Change and Development Network, une association nationale d’organisations environnementales. Au niveau international, nous travaillons en réseau avec d’autres organisations impliquées dans la protection et l’atténuation du changement climatique, et avons collaboré avec l’Union internationale pour la conservation de la nature et le Programme des Nations unies pour le développement, entre autres.
Dans quelle mesure espérez-vous que la COP26 fera des progrès en matière d’atténuation du changement climatique ?
Nous saluons tous les efforts internationaux visant à prendre des décisions coordonnées pour protéger l’environnement et améliorer le bien-être des communautés, et nous espérons que la COP26 débouchera sur des actions concrètes pour lutter contre le changement climatique et la dégradation de l’environnement. Au niveau du discours, bien sûr, tout ce que les dirigeants des pays disent sur la scène mondiale est exactement ce que nous voulons entendre ; rien de tout cela ne va à l’encontre de notre mission, de notre vision et de nos valeurs. Nous espérons qu’à la COP26, ces paroles se traduiront par des engagements qui entraîneront un changement positif dans le comportement de leurs pays en matière de climat.
Quel changement voudriez-vous voir - dans le monde ou dans votre communauté - pour aider à résoudre la crise climatique ?
Au niveau mondial, nous voulons que les plus gros pollueurs agissent pour réduire considérablement leurs émissions. Des pays comme la Chine, l’Inde, les États-Unis et d’autres doivent prendre des décisions claires et agir sur le changement climatique, ou nous subirons tous les conséquences de leur inaction. Nous attendons des grands pollueurs qu’ils assument le coût des solutions pour le climat et que la facture soit réglée.
Au niveau local, nous espérons que les conditions de vie des communautés défavorisées s’amélioreront et s’adapteront au changement climatique avec le soutien de politiques publiques appropriées et de financements gouvernementaux.
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COP26 : « On investit beaucoup plus d’argent pour détruire la planète que pour la sauver »
La 26ème Conférence des Parties des Nations Unies sur le changement climatique (COP26) vient de se terminer à Glasgow, au Royaume-Uni, et CIVICUS continue d’interviewer des militants de la société civile, des dirigeants et des experts sur les résultats du sommet, son potentiel pour résoudre les défis environnementaux auxquels ils sont confrontés et les actions qu’ils entreprennent pour y faire face.
CIVICUS s’entretient avec Ruth Alipaz Cuqui, leader autochtone de l’Amazonie bolivienne et coordinatrice générale de la Coordination nationale pour la défense des territoires paysans indigènes et des aires protégées (CONTIOCAP). Cette organisation est née fin 2018 de la convergence de plusieurs mouvements de résistance contre la destruction des territoires autochtones et des zones protégées par les projets extractifs et la cooptation des organisations traditionnelles représentant les peuples autochtones. Initialement composée de 12 mouvements, elle en compte désormais 35, issus de toute la Bolivie.
Sur quelles questions environnementales travaillez-vous ?
En tant que défenseure des territoires autochtones, des droits des autochtones et des droits de la nature, je travaille à trois niveaux différents. Tout d’abord, à titre personnel, je travaille dans ma communauté du peuple autochtone Uchupiamona, qui se trouve dans l’une des zones protégées les plus diversifiées au monde, le parc national Madidi.
En 2009, mon peuple était sur le point d’accorder une concession forestière qui dévasterait 31 000 hectares de forêt, dans une zone sensible pour la préservation de l’eau et particulièrement riche en diversité d’oiseaux. Pour empêcher cette concession, j’ai fait une proposition alternative, axée sur le tourisme ornithologique. Bien qu’actuellement, en raison de la pandémie, le tourisme se soit avéré ne pas être le pari le plus sûr, le fait est que nous avons encore les forêts grâce à cette activité - bien qu’elles restent toujours menacées en raison de la pression exercée par les personnes de la communauté qui ont besoin d’argent immédiatement.
Ma communauté est actuellement confrontée à de graves problèmes d’approvisionnement en eau, mais nous nous sommes organisées avec des jeunes femmes pour restaurer nos sources d’eau en reboisant la zone avec des plantes fruitières autochtones, et en transmettant les connaissances sur ces plantes fruitières et médicinales de nos aînés aux femmes et aux enfants.
Deuxièmement, je suis membre du Commonwealth des communautés autochtones des fleuves Beni, Tuichi et Quiquibey, une organisation de base de la région amazonienne de Bolivie qui, depuis 2016, mène la défense des territoires de six nations autochtones - Ese Ejja, Leco, Moseten, Tacana, Tsiman et Uchupiamona - contre la menace de la construction de deux centrales hydroélectriques, Chepete et El Bala, qui inonderaient nos territoires, déplaceraient plus de cinq mille autochtones, obstrueraient trois rivières pour toujours et dévasteraient deux zones protégées, le parc national Madidi et la réserve de biosphère Pilón Lajas. Le 16 août 2021, les organisations autochtones soutenant le gouvernement ont autorisé le lancement de ces projets hydroélectriques.
La rivière Tuichi, qui se trouve dans la zone protégée de Madidi et qui est essentielle à l’activité d’écotourisme communautaire de mon peuple Uchupiamona, a également été concédée dans sa totalité à des tiers extérieurs à la communauté pour le développement de l’exploitation de l’or alluvial. La loi sur l’exploitation minière et la métallurgie est discriminatoire envers les peuples autochtones en permettant à tout acteur extérieur d’acquérir des droits sur nos territoires.
Enfin, je suis la coordinatrice générale de CONTIOCAP, une organisation qui a dénoncé les violations systématiques de nos droits dans les territoires autochtones des quatre macro-régions de Bolivie : le Chaco, les vallées, l’Altiplano et l’Amazonie. Ces violations vont de pair avec l’exploration et l’exploitation pétrolières, le brûlage des forêts et la déforestation pour libérer des terres pour l’agrobusiness, la construction de routes et de centrales hydroélectriques et l’activité d’extraction d’or alluvial qui empoisonne les populations vulnérables.
Avez-vous été confrontée à des réactions négatives pour le travail que vous faites ?
Nous avons été confrontés à des réactions négatives, principalement de la part de l’État, par le biais d’organismes décentralisés tels que l’Agence nationale des impôts et l’Agence nationale des migrations. J’ai récemment découvert que ces deux agences avaient ordonné la rétention de mes comptes bancaires.
Lors d’une marche menée par la nation Qhara Qhara en 2019, j’ai été constamment suivie et physiquement harcelée par deux personnes, alors que j’étais en ville pour soumettre nos propositions aux côtés des leaders de la marche.
Et récemment, lorsque des organisations autochtones favorables au gouvernement ont autorisé les centrales hydroélectriques, nos dénonciations ont donné lieu à des actions visant à nous disqualifier et à nous discréditer, ce que le gouvernement bolivien fait depuis des années. Ils disent, par exemple, que ceux d’entre nous qui s’opposent aux mégaprojets hydroélectriques ne sont pas des représentants légitimes des peuples autochtones, mais des activistes financés par des organisations non gouvernementales internationales.
Comment vos actions s’inscrivent-elles dans le cadre du mouvement mondial pour le climat ?
Nos actions convergent avec celles du mouvement mondial, car en défendant nos territoires et nos zones protégées, nous contribuons non seulement à éviter la poursuite de la déforestation et de la pollution des rivières et des sources d’eau, et à préserver les sols pour maintenir notre souveraineté alimentaire, mais aussi à conserver les connaissances ancestrales qui contribuent à notre résilience face à la crise climatique.
Les peuples autochtones se sont avérés être les protecteurs les plus efficaces des écosystèmes et de la biodiversité, ainsi que des ressources fondamentales pour la vie telles que l’eau, les rivières et les territoires, face à la position de l’État dont les lois servent plutôt à violer nos espaces de vie.
Avez-vous utilisé les forums et les espaces de participation des organisations internationales ?
Oui, nous le faisons régulièrement, par exemple en demandant à la Commission interaméricaine des droits de l’homme d’assurer un suivi de la criminalisation et de la violence à l’encontre des défenseurs des droits des peuples autochtones en Bolivie et en participant à la production collective d’un rapport alternatif de la société civile pour l’Examen Périodique Universel de la Bolivie par le Conseil des droits de l’homme des Nations unies, que nous avons présenté lors des pré-sessions du Conseil en octobre 2019.
Récemment, lors d’une audience dans la ville de La Paz, nous avons présenté un rapport sur les violations de nos droits au rapporteur spécial des Nations unies sur les peuples autochtones.
Que pensez-vous des espaces de participation de la société civile aux COP, et comment évaluez-vous les résultats de la COP26 qui vient de se terminer ?
Une fois de plus, lors de la COP26, les États ont montré leur totale inefficacité à agir en conformité avec leurs propres décisions. J’ai déclaré à plus d’une occasion que 2030 était à portée de main et aujourd’hui, nous ne sommes qu’à huit ans de cette date et nous discutons encore des mesures les plus efficaces pour atteindre les objectifs fixés à cette date.
On investit beaucoup plus d’argent pour détruire la planète que pour la sauver. C’est le résultat des actions et décisions des Etats en faveur d’un capitalisme sauvage qui détruit la planète par son extractivisme prédateur de la vie.
Voyons les progrès accomplis depuis le protocole de Kyoto, adopté en 2005 pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Ces dernières années, les entreprises ont utilisé le prétendu concept de « droit au développement » pour poursuivre leurs activités au détriment de la planète et, surtout, au détriment des populations les plus vulnérables, comme les peuples autochtones. C’est nous qui payons les coûts, pas ceux qui provoquent les catastrophes.
Les résultats de la COP26 ne me satisfont pas car nous voulons voir des actions tangibles. L’État bolivien n’a même pas signé la déclaration, même s’il a utilisé l’espace de la COP26 pour prononcer un discours trompeur selon lequel il faut changer le modèle capitaliste pour un modèle plus respectueux de la nature. Mais en Bolivie, nous avons déjà déforesté environ 10 millions d’hectares, de la manière la plus brutale qui soit, par des incendies qui, pendant plus d’une décennie et demie, ont été légalisés par le gouvernement.
Je pense que tant que ces forums ne discuteront pas de sanctions à l’égard des États qui ne respectent pas les accords, ou qui ne signent même pas les déclarations, il n’y aura pas de résultats concrets.
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Entrez en contact avec CONTIOCAP via sa pageFacebook et suivez@contiocap et@CuquiRuth sur Twitter. -
COP26 : « S’attaquer à la vulnérabilité au niveau de l’UE est une priorité essentielle »
À la veille de la 26ème Conférence des Parties des Nations Unies sur le changement climatique (COP26), qui se tiendra à Glasgow, au Royaume-Uni, du 31 octobre au 12 novembre 2021, CIVICUS a interrogé des militants, des dirigeants et des experts de la société civile sur les défis environnementaux auxquels ils sont confrontés dans leur contexte, les actions qu’ils entreprennent pour y faire face et leurs attentes pour le sommet à venir.
CIVICUS s’entretient avec Mubiru Huzaifah de l’Ecological Christian Organisation (ECO) Uganda, une organisation de la société civile (OSC) qui œuvre pour assurer des moyens de subsistance durables aux groupes marginalisés, négligés et vulnérables en Ouganda. Ses initiatives en cours portent sur la gouvernance des ressources naturelles, la résilience et l’adaptation au changement climatique, ainsi que la gestion et la restauration des écosystèmes.
Quelle est la question climatique qui est actuellement au centre de votre travail ?
La question la plus préoccupante est celle des niveaux élevés de vulnérabilité que le changement climatique engendre dans les systèmes humains. La modification à long terme des éléments climatiques par rapport aux niveaux précédemment acceptés entraîne des changements dans les systèmes environnementaux et humains. Selon les rapports sur l’état de l’environnement publiés par l’autorité nationale ougandaise de gestion de l’environnement, les principaux problèmes liés au changement climatique sont la pollution industrielle, le brûlage inconsidéré de la végétation, l’utilisation non efficiente des carburants et les réseaux de transport mal planifiés, qui génèrent tous des niveaux élevés d’émissions.
Existe-t-il des initiatives gouvernementales visant à atténuer le changement climatique ?
Il existe un projet d’atténuation mis en œuvre par le ministère de l’eau et de l’environnement, intitulé « Amélioration des revenus agricoles et conservation des forêts », qui distribue gratuitement des plants destinés à améliorer la capacité d’absorption du sol. Il existe également un régime de subvention à la production de sciure, qui vise à augmenter les revenus de la population rurale par la plantation d’arbres commerciaux par les communautés locales et les moyennes et grandes entreprises, ce qui contribue en même temps à atténuer les effets du changement climatique grâce à une reforestation intensive. Il existe également plusieurs projets d’énergie solaire dans les districts de Mayuge, Soroti et Tororo, qui ont permis d’augmenter la production d’énergie solaire du pays, ainsi qu’un projet de zones humides soutenu par le Fonds vert pour le 00climat, qui vise à conserver les zones humides et à mettre un terme à leur dégradation.
Parmi les autres interventions pertinentes, citons la mise en œuvre de systèmes d’écoulement de l’eau par gravité pour faciliter l’approvisionnement en eau sans utiliser de sources d’énergie ; l’aménagement de routes dotées de canaux d’évacuation de l’eau et d’éclairages solaires, et le développement de réseaux routiers sans encombrement pour permettre une circulation fluide et contribuer à réduire les émissions des voitures. On peut également citer l’adoption de motos électriques ou sans émissions, pour réduire davantage les émissions dues à l’utilisation de combustibles fossiles, sur laquelle le ministère de l’énergie travaille en collaboration avec le secteur privé.
Quel type de travail l’ECO accomplit-il sur ces questions ?
Le travail de l’ECO vise à accroître la résilience des communautés aux impacts du changement climatique, à réduire les risques de catastrophes, à améliorer la gouvernance et la gestion des ressources naturelles, notamment dans le secteur extractif, et à promouvoir la gestion et la restauration des écosystèmes.
Par exemple, dans le cadre d’un projet qui vise à promouvoir et à soutenir les zones conservées par les communautés dans le bassin du lac Victoria, nous avons soutenu les pratiques de pêche légales, élaboré et dispensé des formations sur la promotion de l’agriculture durable et encouragé les bonnes pratiques de gouvernance des ressources locales. Nous avons un autre projet qui vise à accroître la transparence, l’inclusion sociale, la responsabilité et la réactivité des sociétés minières dans la région de Karamoja.
Dans ces projets, comme dans beaucoup d’autres sur lesquels nous travaillons, nous cherchons toujours à susciter le changement en plaçant les personnes à risque au centre et en nous appuyant sur les connaissances et les ressources locales et traditionnelles. Nous essayons de relier les domaines de l’action humanitaire et du travail de développement en nous concentrant sur les moyens de subsistance. Nous nous efforçons de garantir une planification adaptative, en cherchant à relier les réalités locales aux processus mondiaux et à intégrer les disciplines et les approches pour faire face aux différents risques. Pour ce faire, nous travaillons en partenariat avec les communautés, les OSC, les agences gouvernementales, les universités et les instituts de recherche, les entités du secteur privé et les médias.
Quel lien entretenez-vous avec le mouvement international pour le climat ?
Nous sommes liés au mouvement mondial pour le climat par le biais du Climate Action Network-Uganda, qui comprend plus de 200 OSC nationales. Nous le présidons actuellement. Cela nous permet de participer en tant qu’observateurs aux réunions de la COP.
Nous participons également aux réunions consultatives pré-COP organisées par le gouvernement ougandais pour préparer les négociations internationales sur le changement climatique. Lors de ces réunions, nous avons contribué à évaluer les progrès réalisés dans la lutte contre le changement climatique et dans le respect de nos contributions déterminées au niveau national.
Nous transformons nos leçons apprises en actions de plaidoyer qui peuvent être adaptées aux forums internationaux sur le changement climatique. Certaines questions locales peuvent alimenter l’agenda national, devenir des actions de politique publique et aller jusqu’à influencer la politique internationale.
Dans quelle mesure espérez-vous que la COP26 permettra de progresser dans l’atténuation du changement climatique ?
Nous nous attendons à ce qu’une nouvelle plateforme d’échange de droits d’émission émerge de la COP26 pour remplacer le mécanisme de développement propre, qui permettait aux pays ayant pris un engagement de réduction ou de limitation des émissions dans le cadre du protocole de Kyoto de mettre en œuvre des projets de réduction des émissions dans les pays en développement. Nous attendons également que davantage de fonds soient engagés pour accélérer la diffusion des énergies renouvelables.
Ces processus internationaux sont pertinents tant qu’ils contribuent au financement des efforts d’atténuation du changement climatique et produisent de nouvelles stratégies de financement, comme le Fonds vert pour le climat et le Fonds d’adaptation au changement climatique et son programme pilote visant à encourager l’innovation dans les pratiques d’adaptation dans les pays vulnérables. Venant d’un pays en développement, je pense qu’il est essentiel d’augmenter immédiatement le financement des mesures d’adaptation, car les effets perturbateurs du changement climatique sur les systèmes humains sont déjà évidents.
Quel changement voudriez-vous voir - dans le monde ou dans votre communauté - qui aiderait à résoudre la crise climatique ?
Une priorité essentielle est de s’attaquer à la vulnérabilité au niveau communautaire. Notre vision est celle d’une communauté ayant une capacité d’adaptation accrue pour faire face aux impacts du changement climatique et à ses effets ultérieurs. Cela peut être fait en augmentant l’accès aux technologies et en fournissant des fonds pour l’atténuation et l’adaptation par le biais de structures communautaires.
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ECOCIDE : « Les auteurs de destruction environnementale devraient être poursuivis comme des criminels de guerre »
CIVICUS s’entretient avec Jojo Mehta, co-fondatrice et directrice exécutive de Stop Ecocide International et présidente de la Fondation Stop Ecocide. La campagne Stop Ecocide vise à faire reconnaître l’écocide comme un crime international. À cette fin, la Fondation Stop Ecocide, basée aux Pays-Bas, travaille avec des pénalistes internationaux, des chercheurs et des diplomates pour élaborer une définition actualisée, claire et juridiquement solide de l’écocide et plaider pour que les États l’incorporent dans un amendement au droit pénal international.
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NATIONS UNIES : « L’adoption d’un Traité sur la haute mer solide serait véritablement historique »
CIVICUS échange avec Ellie Hooper de Greenpeace Aotearoa sur le rôle de la société civile dans les négociations en cours en vue de l’élaboration d’un Traité des Nations Unies sur la haute mer. Greenpeace est un réseau mondial d'activisme environnemental comprenant 26 organisations nationales et régionales indépendantes dans plus de 55 pays sur tous les continents, ainsi qu’un organe de coordination, Greenpeace International, basé à Amsterdam, aux Pays-Bas. A travers des manifestations pacifiques et des communiqués créatifs, le réseau dénonce les problèmes environnementaux autour du monde et promeut des solutions permettant de créer un avenir vert et pacifique.
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NATIONS UNIES : « Les négociations du Traité sur la haute mer sont des discussions à huis clos excluant la société civile »
CIVICUS échange avec John Paul Jose sur le rôle de la société civile dans les négociations en cours en vue d’un Traité sur la haute mer de l’Organisation des Nations Unies (ONU). John est un militant de l’environnement et du climat provenant d’Inde. Il est actuellement l’un des jeunes ambassadeurs de la High Seas Alliance (HSA) et membre du Conseil Consultatif sur les Politiques de la Jeunesse de l'Alliance pour un Océan Durable. La HSA est un partenariat entre plus de 40 organisations de la société civile (OSC), ainsi que l’Union internationale pour la conservation de la nature. Elle vise à construire une voix commune forte et des groupes d’intérêt pour la conservation des océans.
Quelle est l’importance du traité proposé ?
Les océans recouvrent 71% de la surface de la Terre, dont 64 % en haute mer. L’océan régule le climat mondial et entretient la vie sur la planète. Il absorbe une grande partie des émissions historiques et cumulatives de carbone : le phytoplancton, les forêts marines et les baleines, en particulier, jouent un rôle important dans le piégeage du carbone dans l’océan. Pourtant, l’océan a été systématiquement ignoré dans les efforts déployés pour lutter contre la crise climatique et la perte de biodiversité, qui se sont concentrés presque exclusivement sur la terre.
La haute mer étant un bien commun mondial, elle est en grande partie régie par l’Organisation maritime internationale, une agence des Nations Unies créée en 1948 chargée de réglementer la navigation, ainsi que par la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer de 1982 et son organe intergouvernemental autonome créé en 1994, l’Autorité internationale des fonds marins.
Or la haute mer est confrontée à des menaces sans précédent, qui n’étaient pas prévues lorsque ces accords ont été conclus, tels que l’accumulation de plastiques, de déchets chimiques et industriels, l’acidification, l’exploitation minière en eaux profondes, le chalutage de fond et, enfin et surtout, les effets globaux du changement climatique. La hausse des températures et la surexploitation des habitats et des espèces marins augmentent le risque d’effondrement des écosystèmes océaniques.
C’est pour cette raison qu’il est urgent d’élaborer un traité mondial sur la biodiversité au-delà des juridictions nationales - un traité sur la haute mer. Ce traité constituerait la base juridique pour la conservation des écosystèmes marins et la protection contre l’extinction d’innombrables espèces encore inconnues. Seul 1% de la haute mer est actuellement protégé, et le traité vise à arriver au 30 % d’ici 2030.
Ce serait l’équivalent de l’accord de Paris pour les océans. Grâce à la conservation marine et à l’utilisation durable des ressources marines, il permettrait de préserver le cycle du carbone. Il contribuerait également, en créant des zones marines protégées, à la restauration des habitats marins et à la reconstitution des ressources marines dont dépendent de nombreuses communautés dans le monde pour leur subsistance. Il contribuerait en outre à la résilience climatique mondiale. Une fois qu’il sera entré en vigueur, de nombreuses pratiques nuisibles à l’océan cesseront d’exister dans les zones protégées.
Pourquoi le processus d’élaboration du traité est-il si long ?
Les négociations ont débuté il y a quinze ans, mais il n’y a pas eu assez de coopération dans de nombreux aspects du traité. Les divergences devraient être résolues entre les sessions afin d’en arriver à un traité qui inclut tous les aspects sur lesquels des accords ont été conclus, tout en laissant de la place pour de futurs amendements au fur et à mesure que les différences sur les éléments les plus contestés soient résolues. De plus, les conférences intergouvernementales devraient être plus fréquentes.
L’un des éléments en cours de discussion est la répartition équitable entre les États des ressources génétiques marines, qui sont essentielles pour les industries pharmaceutiques, cosmétiques, agricoles et autres. L’importance excessive accordée actuellement au partage des avantages est une illusion, car nous n’en savons pas assez sur ces avantages, une grande partie de l’océan étant encore inexplorée. Mais il est incontestable que dix pays représentent le 71 % de la pêche mondiale et ils sont à l’origine du 98 % des brevets déposés sur les ressources génétiques marines en haute mer. La réticence de ces quelques pays de partager les bénéfices, les technologies et les connaissances marines, ainsi que les inquiétudes évidentes que cela suscite chez les pays moins puissants, permettent d’expliquer l’impasse actuelle.
Il a aussi été difficile de s’accorder sur les critères pour évaluer l’incidence sur l’environnement, ainsi que l’implémentation des zones marines protégées. Les intérêts des industries minières en eaux profondes et de la pêche industrielle sont en jeu ici.
Toutefois le processus d’élaboration du traité a connu beaucoup de succès en ce qui concerne la convocation de discussions et de négociations. À l’heure actuelle, plus de 100 États se sont engagés à soutenir le traité dans sa forme actuelle et certains, comme le Costa Rica, montrent l’exemple en faisant avancer les choses au niveau régional, ouvrant ainsi de nouvelles voies pour la conservation des océans.
Il est probable que le traité soit finalisé lors de la prochaine session. Des efforts supplémentaires pour financer les délégations des pays du Sud afin qu’elles puissent faire entendre leur voix et apporter plus d’équilibre dans les négociations sont primordiaux dans ce cadre.
Comment la société civile en général, et la HSA en particulier, ont-elles plaidé pour l’élaboration et l’adoption d’un traité ?
Depuis sa création, le HSA a plaidé pour la protection d’au moins 50 % de l’océan, en impliquant les dirigeants, les experts et la société civile. Nous nous attachons désormais à maintenir la dynamique des conférences intergouvernementales, car il s’agit d’une occasion unique d’élaborer un traité juridiquement contraignant pour protéger la planète en modifiant la façon dont nous gouvernons la haute mer. Ce processus a favorisé la prise de conscience de l’importance de la haute mer, faisant en sorte que des gouvernements qui auparavant n’en étaient pas conscients soutiennent désormais un traité robuste.
Cela dit, il convient de noter que seuls les États sont considérés comme des parties au traité, de sorte que les voix non étatiques n’ont aucune place dans les négociations. Les négociations de traités sont en grande partie des discussions à huis clos qui excluent la société civile et les experts. Beaucoup d’entre nous ne peuvent même pas assister aux négociations en direct et les documents ne sont mis à disposition qu’une fois les discussions clôturées.
Il existe également de nettes inégalités entre les États participants. De nombreux États aux ressources limitées envoient de très petites délégations et n’ont pas l’expertise nécessaire pour participer de manière productive aux discussions. Si la société civile était en mesure d’apporter son expertise au processus, cela ferait une différence pour toutes les parties concernées.
Que peuvent faire les OSC et les militants de l’environnement pour garantir l’adoption du traité ?
Il y a des limites claires à ce que nous pouvons faire pour accélérer l’adoption du traité. Nous pensons qu’il est crucial d’avoir un traité le plus rapidement possible, et qu’il vaut mieux avoir un traité incomplet que de ne pas en avoir. Les États devraient donc avancer sur toutes les questions pour lesquelles des accords ont été conclus et concevoir un processus d’amendement pour intégrer d’autres questions et préoccupations des parties prenantes dans l’avenir.
Les OSC et les activistes peuvent contribuer au processus en apportant des perspectives diverses à la table. Les négociations actuelles étant des discussions fermées entre États dans lesquelles la société civile, les scientifiques et le secteur privé n’ont pas de siège, nous ne pouvons le faire qu’en plaidant auprès des États réceptifs qui ont un siège à la table.
Nous pouvons également faire campagne pour exercer de plus en plus de pression « bottom-up », en intégrant les préoccupations auxquelles le traité tente de répondre dans les discussions du mouvement mondial pour le climat et en faisant participer le grand public. Des ressources telles que le Treaty Tracker de la HSA donnent accès à des informations utiles concernant le traité et les négociations. Ces informations devraient être diffusées dans le monde entier afin de permettre aux gens d’exiger que le traité soit finalisé et que leurs demandes soient prises en compte par leurs propres gouvernements dans le processus d’élaboration de politiques environnementales.
Un traité fournirait une base juridique pour agir, mais même sans traité, les États, les communautés et les entreprises peuvent agir pour protéger la haute mer. De nombreux pays disposent déjà de zones marines protégées au sein de leurs juridictions nationales, et d’autres peuvent être créées avec la participation du public. La société civile doit s’engager dans ces processus, mais ne doit pas être limitée par les frontières nationales. Il est temps pour nous de transcender les frontières et de défendre également les biens communs mondiaux.
Prenez contact avec la High Seas Alliance sur sonsite web ou sa pageFacebook, et suivez@HighSeasAllianc et@johnpauljos sur Twitter.
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Recommandations pour faire progresser la justice climatique grâce à une reconnaissance et une protection accrues des défenseurs de la terre et de l’environnement
L'aggravation de la crise climatique s'accompagne de violences à l'encontre de ceux qui protègent notre environnement, notamment les forêts menacées par le changement climatique. Pour parvenir à une véritable justice climatique, nous devons nous pencher sur la situation de ceux qui travaillent en première ligne pour exiger une action climatique. Dans le monde entier, les personnes qui défendent l'environnement et travaillent pour la justice climatique sont de plus en plus victimes de violence, de harcèlement et de criminalisation. La plupart de ces attaques sont liées à des conflits fonciers impliquant des industries nuisibles à l'environnement - de la déforestation par l'agro-industrie à l'exploitation minière - et pourtant les entreprises ne sont pas tenues responsables de ces préjudices.
Dans ce rapport destiné aux décideurs politiques participant à la réunion des Nations unies sur le climat en Égypte (COP27), les organisations de la société civile EarthRights, Global Witness, Natural Justice, Sociedad Peruana de Derecho Ambiental, CIVICUS et la Coalition internationale pour l'accès à la terre partagent leurs recommandations pour protéger ceux qui sont en première ligne de la crise climatique et permettre la participation diversifiée, sûre et efficace des observateurs de la société civile lors des COP et autres négociations internationales sur le climat.
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RÉSOLUTION DE L’ONU SUR LE CHANGEMENT CLIMATIQUE : « La crise climatique est une crise des droits humains »
CIVICUS échange avec Hailey Campbell au sujet de la récenterésolution de l’Assemblée générale des Nations Unies (AGNU) sur l’environnement, qui permet à la Cour internationale de justice (CIJ) d’émettre un avis consultatif sur les obligations des États en matière de lutte contre le changement climatique.
Hailey est une activiste climatique et codirectrice exécutive de Care About Climate,une organisation de la société civile (OSC) travaillant dans l’éducation climatique et l’autonomisation pour la justice climatique, ainsi qu’un réseau international de jeunes leaders du mouvement pour le climat qui cherchent à partager des solutions sur la scène internationale.
Comment est née l’initiative visant à porter les questions climatiques devant la CIJ ?
Cette initiative historique a été lancée en 2019 par lesÉtudiants du Pacifique luttant contre le changement climatique (PISFCC), une organisation de jeunes créée par des étudiants de huit pays insulaires du Pacifique. La PISFCC a commencé par convaincre le Forum des îles du Pacifique, principale organisation politique et économique de la région, de porter la question du changement climatique et des droits humains devant la CIJ. Les OSC du Pacifique ont soutenu cette campagne et ont créé l’Alliance pour un avis consultatif sur la justice climatique (ACJAO) afin d’inclure d’autres acteurs non étatiques. En 2021, l’État du Vanuatu, un petit État insulaire très vulnérable aux catastrophes climatiques, a lancé les négociations et la rédaction de la résolution, qui a ensuite été soutenue par plus de 130 pays etplus de 220 OSC, et finalementadoptée par consensus par l’AGNU le 29 mars 2023.
Cette résolution vous paraît-elle une victoire de la société civile ?
Cette résolution est une victoire monumentale !C’est le début d’une vague de changements dans la façon d’envisager lacrise climatique et un rappel que le changement climatique ne respecte pas les frontières géopolitiques. Les OSC environnementales, les jeunes leaders, les nations insulaires qui ont lancé l’appel à la résolution et le PISFCC nous rappellent que nous sommes tou.te.s des personnes avant d’être des activistes, des dirigeants de l’industrie des combustibles fossiles ou des politiciens. En tant qu’êtres humains, nous partageons tous cette magnifique planète, d’où il faut se soucier les uns des autres. Si certains dirigeantsne le reconnaissent pas, ils doivent être tenus redevables.
La résolution demandant unavis consultatif de la CIJ est également une célébration de l’innovation et de la persévérance des îles. Depuis des milliers d’années, les Insulaires s’appuient sur leurs connaissances traditionnelles et leur esprit de collaboration pour s’adapter à l’environnement. Le fait de porter le plus grand défi au monde devant la plus haute juridiction met en évidence leur force et leur expérience. En tant que jeune personne vivant sur une île du Pacifique, je suis reconnaissante du leadership d’autres jeunes insulaires et leurs alliés, qui ouvrent la voie à un avenir durable pour les générations futures.
Comment la CIJ peut-elle contribuer à la lutte contre le changement climatique ?
La CIJ est la plus haute juridiction du monde. Elle établit des précédents par le biais d’avis consultatifs et de normes sur la manière dont les États doivent coopérer au niveau mondial. À ce titre, elle joue un rôle primordial dans le maintien de la paix entre les nations.
L’avis consultatif de la CIJ incarne la réalité selon laquelle nous ne pouvons pas résoudre la crise climatique en poursuivant les pratiques mêmes qui nous y ont conduits. La portée de la résolution va au-delà de l’Accord de Paris, faisant référence à l’importance d’un climat sûr en tant que droit humain essentiel pour le bien-être. En décrivant les potentielles conséquences juridiques pour les nations qui causent des dommages importants aux communautés vulnérables et aux générations futures, elle pourrait enfin assurer une plus grande redevabilité face à la crise climatique. Si les nations sont davantage tenues redevables et poussées à agir, la porte sera ouverte pour garantir l’élimination totale des émissions de combustibles fossiles et le renforcement des capacités d’adaptation.
Comment vous êtes-vous personnellement engagée dans la promotion de cette résolution et d’une action climatique plus large ?
J’ai entendu parler pour la première fois de la campagne du PISFCC en 2019, lorsque je me suis impliquée dans le mouvement pour le climat à la suite dusommet sur le changementclimatique COP25. En tant qu’étudiante en développement durable vouée à travailler dans le domaine du climat, j’étais inspirée par la façon dont un petit groupe d’étudiants a dépassé les frontières insulaires pour fermement demander un avis consultatif de la CIJ. J’ai commencé à suivre leur parcours et à soutenir leurs appels à l’action de diverses manières, notamment en partageant leur contenu sur les réseaux sociaux ou en évoquant des arguments pertinents dans mes conversations avec les dirigeants lors des COP suivantes.
Inspirée par leur leadership insulaire, j’ai accepté un stage au sein du Local 2030 Islands Network, le premier réseau mondial entre pairs dirigé par des îles et consacré à la promotion des objectifs de développement durable. J’ai appris, grâce aux dirigeants insulaires, davantage sur la durabilité des îles et les impacts du changement climatique. Leurs exemples de solutions innovantes et leur esprit optimiste m’ont ébloui. J’étais motivée et je voulais utiliser mon éducation pour aider les Insulaires à faire entendre leur voix. J’ai donc choisi, dans le cadre de mon master, de me concentrer sur l’élaboration d’un plan de travail portant sur la manière dont les Insulaires peuvent collaborer avec leurs communautés pour développer, suivre et mettre en œuvre des solutions durables au changement climatique.
Ce parcours d’activisme étudiant m’a aidé à devenir une leader environnementale intersectorielle, à travailler sur l’adaptation au climat dans les îles et, en tant que groupes vulnérables, à nous appuyer sur des coalitions comme Care About Climate pour défendre notre droit à un avenir sans danger climatique. De fait, cela m’a inspiré à travailler avec des jeunes afin de garantir la toute première inclusion de jeunes en tant que parties prenantes dans une décision de la conférence des Nations Unies sur le climat lors de la COP27.
Que peuvent faire les alliés internationaux pour soutenir cette lutte ?
Tous les alliés internationaux doivent continuer à se battre ! Cette résolution historique n’est que la première étape. Avant que la CIJ ne puisse rendre son avis, les États et certaines organisations internationales, comme le Programme des Nations Unies pour l’environnement, seront invités à présenter des arguments écrits et oraux. Il est important que chacun continue à contacter les représentants nationaux et les organisations internationales sélectionnées pour soumettre des témoignages et émettre des avis. D’ailleurs, le PISFCC vient de lancer unmanuel extraordinaire pour aider les décideurs politiques, les jeunes et les OSC environnementales à comprendre leur rôle, que je recommande vivement de consulter. Mon exemple préféré de ce manuel est celui de l’importance de partager avec vos représentants nationaux votre témoignage personnel sur les raisons pour lesquelles vous croyez en la nécessité d’un avis consultatif de la CIJ sur les droits climatiques, et sur l’impact qu’il pourrait avoir sur votre avenir. J’espère que tout le monde se sentira capable de me rejoindre au sein de l’Alliance pour se tenir au courant de comment avoir un impact.
Contactez Care About Climate sur sonsite web ou sa pageFacebook, et suivez@careaboutclimate et@hailey_campbell sur Twitter etInstagram.