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  • COP26 : « Les communautés marginalisées doivent être au cœur de l’action climatique »

    À la veille de la 26ème Conférence des parties des Nations unies sur le changement climatique (COP26), qui se tiendra à Glasgow, au Royaume-Uni, du 31 octobre au 12 novembre 2021, CIVICUS a interrogé des militants, des dirigeants et des experts de la société civile sur les défis environnementaux auxquels ils sont confrontés dans leur contexte, les actions qu’ils entreprennent pour y faire face et leurs attentes pour le sommet à venir.

    CIVICUS s’entretient avec Jessica Dercontée, co-organisatrice du Collectif contre le racisme environnemental (CAER), un groupe de la société civile au Danemark qui s’efforce d’introduire la question de la discrimination et de l’injustice raciale dans le débat danois sur le climat en attirant l’attention du public sur le racisme environnemental.

    Le militantisme et le travail universitaire de Jessica se concentrent sur la gouvernance climatique et explore les injustices sociales et climatiques profondément enracinées liées à la classe, au genre et à la race. Jessica est coordinatrice de projets de développement international à l’Union des étudiants danois et au Conseil danois de la jeunesse pour les réfugiés, et assistante de recherche au cabinet de conseil In Futurum.

    Jessica Dercontee

    Quels sont les objectifs du CAER ?

    Nous sommes un collectif de femmes et de personnes de couleur non binaires travaillant à la croisée de l’environnementalisme, de l’antiracisme et de la justice climatique. Le CAER cherche à mobiliser et à amplifier les voix des personnes les plus touchées par le racisme environnemental, y compris les Noirs, les autochtones et les personnes de couleur dans le Sud et le Nord du monde. Notre collectif a été formé pour apporter une visibilité et un regard critique sur les débats et les conceptualisations actuels, en mettant en évidence les effets différenciés de la crise climatique et environnementale.

    Quel est le principal problème climatique ou environnemental sur lequel vous travaillez ?

    Le CAER se concentre sur l’écologie politique et le néocolonialisme des débats danois sur l’environnement et le climat. Les principaux débats publics sur la crise climatique au Danemark se concentrent sur les effets néfastes de notre culture de consommation et de nos modes de vie sur les biosystèmes de la planète, et accordent moins d’attention aux personnes touchées par ces effets, et à l’éternel désir des grandes entreprises de faire des profits et de maximiser leurs bénéfices. Si nous sommes d’accord sur l’urgence de ces questions, notre collectif estime que le débat au Danemark doit aller au-delà de l’affirmation de la nécessité pour les gouvernements et les autres parties prenantes de trouver des solutions technologiques grandioses pour atténuer la crise climatique. Le débat public actuel est trop simpliste, apolitique et technique, axé sur la recherche de solutions vertes. 

    Le CAER met en lumière les différentes dynamiques de pouvoir qui caractérisent nos systèmes actuels, ainsi que la manière dont les pratiques et les modes de pensée actuels perpétuent le colonialisme et l’oppression mondiale, qui sont également fortement ancrés dans le capitalisme. Pour ce faire, nous organisons des ateliers, rédigeons des articles, diffusons des informations sur les médias sociaux et collaborons avec des personnes ou des groupes marginalisés dans le Sud. 

    Un exemple de notre façon d’apporter une perspective différente à la question de la transition verte est notre analyse de la manière dont les grandes entreprises danoises causent la dégradation de l’environnement et favorisent l’accaparement des terres dans le Sud du monde. La société danoise d’énergie éolienne Vestas fait actuellement l’objet d’une action en justice intentée par des communautés autochtones du Mexique, qui l’accusent d’avoir des répercussions négatives sur les moyens de subsistance des populations autochtones, et l’associent à de graves violations des droits humains à l’encontre de manifestants locaux et de militants de la société civile, qui ont fait l’objet d’actes d’intimidation et de menaces de mort pour avoir dénoncé ces abus. Les gouvernements des deux pays ont conclu des accords qui, selon eux, étaient mutuellement bénéfiques, car ils étaient censés apporter croissance et développement économiques au Mexique, tout en aidant le Danemark à rendre son économie plus verte. Cependant, les accaparements de terres qui ont suivi ont privé les communautés du Sud de leurs droits, perpétuant le cycle de la dépendance à l’aide et faisant ressurgir les formes néocoloniales de contrôle et d’exploitation des terres et des populations autochtones.

    Un autre exemple beaucoup plus proche du Danemark est le racisme environnemental qui imprègne les relations du Danemark avec le Groenland, ancienne colonie et actuelle nation du Commonwealth danois. En raison du contrôle exercé par le Danemark sur les ressources naturelles du Groenland, la population groenlandaise est exclue des décisions importantes concernant l’avenir de l’Arctique, ce qui peut être considéré comme ayant un impact racial majeur dans le domaine de la conservation, de la politique environnementale et du consumérisme.

    L’objectif principal du CAER a été de fournir un espace sûr pour les Noirs, les autochtones et les personnes de couleur, y compris les personnes homosexuelles et transsexuelles, qui souhaitent se mobiliser dans les espaces de l’environnementalisme et de l’antiracisme au Danemark. Le mouvement climatique danois est souvent perçu comme ayant été excluant et discriminatoire envers ces personnes. Nous espérons que le discours public danois ne se contentera pas d’utiliser et de présenter les communautés marginalisées comme des études de cas, mais qu’il les placera au centre de l’action climatique en tant que fournisseurs légitimes de solutions, et participants actifs à la prise de décision.

    Avez-vous été confronté à des réactions négatives face au travail que vous faites ?

    Nous avons rencontré un véritable enthousiasme de la part d’autres organisations et acteurs désireux de changer leurs structures organisationnelles et de les rendre plus inclusives et capables de trouver des solutions à la crise que nous traversons. Bien que nous n’ayons pas eu de réactions négatives directes en raison de notre travail ou de l’accent que nous mettons sur la race et la nature discriminatoire de la politique environnementale, il nous semble que la société n’est pas prête à faire face aux diverses réalités vécues par les gens sur le terrain, qui sont différentes du récit extrêmement homogénéisé de l’expérience danoise. Au Danemark, les lois et les politiques ont été considérées comme inclusives sur la base de l’image progressiste de notre modèle d’État-providence qui protège toutes les personnes. Ainsi, les institutions et les individus ont plus de mal à comprendre que leur propre position privilégiée repose sur l’exploitation et l’oppression d’autres groupes sociaux, non seulement dans le passé mais encore aujourd’hui.

    Quel lien entretenez-vous avec le mouvement international pour le climat ?

    Nous nous engageons dans le mouvement climatique international sur la base de notre objectif de décolonisation des structures de l’activisme climatique. Nous cherchons aussi activement à nous engager dans des partenariats, ce qui se reflète dans les exemples que nous sélectionnons comme la face visible de nos projets et les voix que nous cherchons à amplifier. Nous cherchons à redonner du pouvoir et à créer des espaces où les personnes marginalisées peuvent raconter leur propre histoire et apporter leurs connaissances et leurs solutions à la crise climatique. De plus, en construisant et en partageant des connaissances à partir d’une diversité de perspectives et avec la contribution d’autant de chercheurs du Sud que possible, nous cherchons à faire contrepoids à l’ethnocentrisme qui imprègne l’échange de connaissances dans la gouvernance climatique, l’action climatique et l’environnementalisme.

    Dans quelle mesure espérez-vous que la COP26 permettra de progresser sur les questions climatiques ?

    Au CAER, nous espérons que, même si le scénario actuel de la COP26 présente l’inconvénient important de manquer de représentation diversifiée, il y aura un espace pour l’expression des connaissances vitales du Sud de la planète, et pour l’engagement d’un ensemble diversifié de voix dans l’élaboration des politiques, afin que le prochain cycle d’objectifs soit aussi nuancé et intersectionnel que possible.

    Quel changement souhaiteriez-vous voir se produire pour contribuer à résoudre la crise climatique ?

    Nous espérons que, dans un avenir proche, notre mouvement contre le racisme environnemental se développera et que cela nous permettra de jeter des ponts entre le mouvement climatique dominant et le mouvement antiraciste danois, afin d’atténuer la crise climatique d’une manière beaucoup plus inclusive et ouverte à la diversité et à la pluralité des connaissances, en englobant différents secteurs et institutions au Danemark, ainsi que dans le reste du monde.

    L’espace civique au Danemark est classé « ouvert » par leCIVICUS Monitor.
    Contactez le Collectif contre le racisme environnemental via son compteInstagram ou en envoyant un courriel à.

  • COP26: ‘Marginalised communities should be at the centre of climate action’

    In the run-up to the 26th United Nations Climate Change Conference of the Parties (COP26), which will take place in Glasgow, UK between 31 October and 12 November 2021, CIVICUS is interviewing civil society activists, leaders and experts about the environmental challenges they face in their contexts, the actions they are undertaking to tackle them and their expectations for the upcoming summit.

    CIVICUS speaks with Jessica Dercontée, co-organiser of the Collective Against Environmental Racism (CAER), a civil society group in Denmark that works to bring racial discrimination and injustice into the Danish climate conversation, calling public attention to environmental racism.

    Jessica’s activism and academic engagement focus on climate governance and explore the embedded social and climate injustices pertaining to class, gender, race and politics. She is a project coordinator working in international development projects in the Danish Student Union and the Danish Refugee Council Youth and is currently a research assistant at the consultancy firm In Futurum.

    Jessica Dercontee

    What are the aims of CAER? 

    We are a collective consisting of women and non-binary people of colour who work within the intersection of environmentalism, anti-racism and climate justice. CAER seeks to mobilise and amplify the voices of those who are most affected by environmental racism, including Black, Indigenous and people of colour (BIPOC) in the global south as well as in the global north. Our collective was formed to shed light on and critique the current discussions, representations and differentiating effects of the climate and environmental crisis.

    What’s the key climate or environmental issue that you’re working on? 

    CAER focuses on the political ecology and neo-colonialism of the mainstream Danish environmental and climate debates. The mainstream Danish public debates on the climate crisis focus on the detrimental impacts that our consumer culture and lifestyles have on the planet’s biosystems, with less attention on the people this affects and the unending desire of big corporations for profit and utility maximisation. While we agree on the urgency of these issues, our collective believes that the debate in Denmark should move beyond the need of governments and various other stakeholders to find big technological solutions to mitigate the climate crisis. The current public debate is too simplistic, apolitical and technical, focused on the search for green solutions. 

    CAER highlights the different power dynamics that exist within our current systems, as well as how the present-day practices and ways of thinking perpetuate systems of colonialism and global oppression while being heavily entrenched in capitalism. We do this through workshops, articles, awareness-raising on social media and collaborations with marginalised individuals or groups from the global south. 

    An example of how we provide a different perspective on the green transition is through the scrutiny of the way big corporations in Denmark cause environmental degradation and land grabbing in the global south. The Danish wind energy company Vestas has an ongoing case against Indigenous peoples in Mexico, who have accused the corporation of causing negative impacts on Indigenous livelihoods, while also linking it to significant human rights violations towards local protesters and civil society activists who have been subjected to intimidation and death threats for calling out abuses. The governments of both countries have reached agreements that they claimed were mutually beneficial, as they were expected to bring economic growth and development to Mexico as well as helping Denmark green its economy. However, the ensuing land grabbing has further disenfranchised communities in the global south, continuing the cycle of dependence on aid and regurgitating neo-colonial forms of control and exploitation of Indigenous land and peoples.

    Another example that is much closer to Denmark is the environmental racism that permeates Denmark’s relations with its former colony and presently Danish Commonwealth nation, Greenland. Due to Denmark’s control over Greenland’s natural resources, people in Greenland are excluded from important decisions on the future of the Arctic, which can be viewed as having large racialised impacts on conservation, environmental politics and consumerism.

    CAER’s main aim has been to provide a safe space for BIPOC, including queer and trans BIPOC, who want to mobilise within environmentalism and anti-racism spaces in Denmark. It is often felt that the Danish climate movement has been exclusionary and discriminatory towards BIPOC. We hope to push Danish public discourse beyond using and presenting marginalised communities as case studies, and towards bringing them to the centre of climate action as the legitimate solution providers and active decision-makers.

    Have you faced backlash for the work you do?

    We have been met with genuine excitement from other organisations and actors who are willing to change their organisational structures and make them more inclusive and capable of finding solutions to the crisis we are in. While we have not experienced any direct backlash as a result of our work or its focus on race and discriminatory environmental policy, we find that society is not equipped to handle the various lived realities of people on the ground, which are different from the very homogenised narrative of the Danish experience. In Denmark laws and policies have been viewed as inclusive, building on the image of our model as progressive, a welfare state that protects all. Thus, it makes it harder for institutions and individuals to understand that their own position of privilege is dependent on the exploitation and oppression of other social groups, throughout history and in the present day.

    How do you connect with the broader international climate movement?

    We connect with the international climate movement in our aim to decolonise climate activism structures. More so, we actively seek collaborations, and this is reflected in the examples we choose to showcase in our projects and the voices that we amplify. We try to give power and create spaces where marginalised people can tell their own stories and bring forward their knowledge and solutions to the climate crisis. Further, by building and sharing knowledge from as many perspectives and as many global south scholars as possible, we seek to balance the ethnocentric knowledge exchange that pervades climate governance, climate action and environmentalism.

    What hopes, if any, do you have for COP26 to make progress on climate issues?

    We in CAER hope that although the current setting of COP26 has the major limitation of lacking diverse representation, there will still be room for the vital knowledge of the global south and a diverse set of voices involved in policymaking to make the next round of goals as nuanced and intersectional as possible.

    What one change would you like to see to help address the climate crisis? 

    We hope that in the close future our movement against environmental racism will grow, and that this development will bridge the gap between the mainstream Danish climate movement and the anti-racist movement so as to mitigate the climate crisis in a manner that is much more inclusive and open towards diversity, and a plurality of knowledge, and across different sectors and institutions in Denmark, as well as the rest of world.

    Civic space in Denmark is rated ‘open’ by theCIVICUS Monitor.
    Get in touch with the Collective Against Environmental Racism through itsInstagram account or by email to.

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