Tunisie : Faire preuve de retenue et respecter les droits humains alors que les tensions politiques s'intensifient

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Les autorités tunisiennes doivent s'abstenir de recourir à une force excessive dans un contexte de tensions politiques.

Le 25 juillet, les gens sont descendus dans les rues de plusieurs villes de Tunisie pour exprimer leurs inquiétudes quant à la réponse du gouvernement à la pandémie de COVID-19, au déploiement des campagnes de vaccination et à la situation économique désastreuse à laquelle les Tunisiens sont confrontés.

CIVICUS, une alliance mondiale pour la société civile, est préoccupée par les attaques violentes contre les manifestants en Tunisie et appelle les autorités tunisiennes à faire preuve de retenue dans un contexte de tensions politiques et à respecter les droits humains. 

Après une journée de manifestations antigouvernementales, le président Kais Saied a invoqué les pouvoirs d'urgence, dont la plupart sont contraires à la Constitution tunisienne, suspendant le Parlement pour 30 jours et limogeant le Premier ministre Hichem Mechichi. Les ministres de la Justice et de la Défense ont également été limogés. Un couvre-feu d'un mois a été imposé ainsi que des restrictions supplémentaires qui empêchent les personnes de se déplacer entre les villes en dehors du couvre-feu, sauf pour des raisons de santé urgentes. Les autorités ont également imposé des restrictions à la liberté de réunion pacifique, interdisant les rassemblements de plus de trois personnes dans les lieux publics.

Le 26 juillet, 20 policiers lourdement armés ont fait irruption dans les bureaux du média international Al-Jazeera, ont confisqué du matériel et expulsé le personnel de ses locaux. Ces événements suscitent de graves inquiétudes quant à la liberté de la presse dans le pays.

« Le président Saied ne doit pas utiliser la crise actuelle et les pouvoirs d'urgence pour étouffer la démocratie, notamment les libertés d'expression et de réunion pacifique en Tunisie. Le recours systématique à la violence contre des manifestants pacifiques est une tendance inquiétante et l'utilisation de mesures d'urgence pour limiter les droits fondamentaux, sous couvert de la pandémie de COVID19, est un affront à la démocratie et une menace sérieuse pour les acquis des manifestations pro-démocratiques d'il y a dix ans », a déclaré Aarti Narsee, chercheuse en espace civique.

L'imposition des mesures d'urgence actuelles en réponse à des manifestations antigouvernementales rappelle une tendance continue où les manifestations mettant en lumière les préoccupations sur les questions sociales et économiques touchant les Tunisiens sont violemment réprimées par les autorités. En janvier 2021, les forces de sécurité ont fait un usage excessif de la force, notamment des gaz lacrymogènes, des canons à eau et des violences physiques, contre les manifestants, ce qui a entraîné la mort d'un manifestant et l'arrestation de milliers de personnes, dont des mineurs. Les autorités ont également pris pour cible les défenseurs des droits humains et ceux qui s'expriment sur la situation économique désastreuse de la Tunisie.

Contexte :
Les restrictions de l'espace civique se poursuivent en Tunisie, dix ans après que des manifestations ont forcé une transition politique. Les défenseurs des droits humains, les journalistes et les militants qui font part de leurs préoccupations concernant les violations des droits humains sont pris pour cible par les autorités. La liberté de réunion a été considérablement réduite dans le cadre des mesures d'urgence liées au Covid-19, qui ont interdit des rassemblements à différents moments. En octobre 2020, les forces de sécurité ont violemment réprimé des manifestants pacifiques qui protestaient contre une loi qui accorderait l'immunité au personnel de sécurité, devant le Parlement à Tunis. La plupart des protestations sont motivées par l'impact de la détérioration de l'économie, l'augmentation des prix des produits de base et le haut niveau d'impunité dont jouissent les forces de sécurité. Après les manifestations de dimanche, le Président a assumé l'autorité exécutive avec l'aide d'un nouveau Premier ministre qu'il va choisir. En principe, le Premier ministre devrait être élu par le Parlement, qui est contrôlé par le parti Ennahda, avec lequel le Président a une querelle de longue date.


L'espace civique au Tunisie est classé comme Obstrué par CIVICUS Monitor.

 
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